Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

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Les défis de l’agriculture mondiale
Mais l’émergence de ces nouveaux comportements et des techniques correspondantes
suppose encore de nombreux efforts de la part de la Recherche ainsi
que des systèmes de formation qui, pour l’heure, sont loin d’être en ligne avec cet
objectif. La Recherche notamment devra vraisemblablement connaître elle aussi
une révolution conceptuelle. Comme l’a indiqué Bernard Chevassus-au-Louis
lors de la précédente conférence inaugurale en 2006 169 , la Recherche qui sera
nécessaire ne pourra plus se passer de l’expertise locale des producteurs agricoles,
car leurs connaissances spécifiques des milieux dans lesquels ils vivent au quotidien
constituent un atout indispensable pour l’ajustement des solutions locales.
En conclusion pour la PAC
Tout ce qui a été présenté pour envisager une nouvelle PAC ne contredit
aucunement les fondements historiques de celle-ci : unicité du marché, préférence
communautaire, solidarité financière, filet de sécurité. Il n’y a donc pas de raison
de se passer de cette politique et de ne pas la poursuivre en la faisant évoluer. Les
besoins de production à long terme, le développement inéluctable des échanges
et des marchés internationaux, l’entrée progressive dans un système où les prix
pourraient être plus fluctuants et où l’agriculture serait touchée directement ou
indirectement par des phénomènes de rareté, amènent à rénover et à renforcer le
caractère de filet de sécurité en réfléchissant un système d’assurance garantissant
des niveaux satisfaisants de production et de revenus. Par ailleurs, la nécessité
de gérer les écosystèmes de manière satisfaisante désigne l’agriculture comme
la principale activité en charge de cette fonction. S’agissant de la production de
biens publics nécessaires aux sociétés du futur, un des rôles essentiels de la PAC
sera d’en assurer le financement.
L’Europe a la chance, avec la PAC, de disposer des modes de financement et de
l’expérience administrative qui pourraient permettre d’effectuer facilement cette
transition historique permettant de passer d’une agriculture « exploitant » de
manière conventionnelle des écosystèmes à une agriculture « gérant » de manière
durable les écosystèmes. Cette expérience pourrait être un exceptionnel apport
pour les autres agricultures dans le monde, qui devront de manière accélérée à la
fois réhabiliter les milieux dégradés, conquérir de nouveaux milieux et en assurer
une gestion viable. Voyons maintenant comment ces idées pourraient s’appliquer
dans les agricultures des pays en développement.
Quelles politiques dans les pays en développement ?
Les agricultures des pays en développement ne bénéficient certes pas de tout
l’appareil d’appui dont bénéficie l’agriculture européenne et celle des Etats-Unis.
Elles ne bénéficient pas non plus des financements publics correspondants, bien
que, pendant de nombreuses années, la plupart d’entre elles aient connu, elles
169 Refonder la Recherche Agronomique, Bernard Chevassus-au-Louis, Leçon inaugurale 2006. ESA Angers, 2006.
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA