Nr. 4 (33) anul IX / octombrie-decembrie 2011 - ROMDIDAC
Nr. 4 (33) anul IX / octombrie-decembrie 2011 - ROMDIDAC
Nr. 4 (33) anul IX / octombrie-decembrie 2011 - ROMDIDAC
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
EX PONTO <strong>Nr</strong>.4, <strong>2011</strong><br />
146<br />
«Les traductions sont très nécessaires pour une littérature nationale» 1 ;<br />
celui qui l’a dit c’est george Lesnea, qui a fait connaître en Roumanie<br />
Lermontov, Pouchkine et Essenine, sûr qu’il n’y a point d’autre plaidoyer plus<br />
convaincant pour la réception d’une œuvre qu’une bonne traduction.<br />
Bien que, selon la conception de Jakobson, la poésie étant gouvernée de<br />
paronomasie soit «par définition» intraductible et toute traduction devienne<br />
«une transposition créatrice» 2 , les efforts des poètes roumains se sont<br />
concentrés vers l’élaboration des variantes qui soient fidèles à l’esprit original,<br />
exprimant en même temps le spécifique inconfondable du logos (discours)<br />
baudelairien. La constatation que les Fleurs du Mal sont loin de former une<br />
œuvre où l’on puisse pénétrer sans initiation 3 est valable autant pour les<br />
lecteurs, que pour les traducteurs.<br />
A travers cette Divina Comedia de l’homme moderne 4 , Baudelaire crée<br />
une atmosphère à soi, un monde de sensations et d’allégories qui le rendent<br />
unique. Le renouvellement de la langue réalisé par le poète français est, en<br />
dernière instance, moins un processus de dislocation ou de destruction de<br />
la relation entre le mot et le sens que, plutôt, la recherche ou la récupération<br />
du sens originaire pour mettre en harmonie les mots de la langue avec les<br />
choses de l’univers. Le langage poétique est, dans son cas, un langage -<br />
construction qui entraîne sons, parfums, couleurs, ainsi que tout ce qui était,<br />
jusqu’à ce moment-là, inhabituel pour la poésie.<br />
C’est pourquoi, justement pour rendre la passion et le désespoir, l’ironie<br />
et le mépris, les états de tension de la descente en enfer ou l’élévation de<br />
l’esprit vers la paix et la joie idéales, le traducteur doit passer un difficile<br />
examen dans le choix et la combinaison des mots, dans l’exactitude du détail<br />
qui contribue à la réussite de la valeur d’ensemble. Comme georges Mounin<br />
l’affirmait, «aux traducteurs il revient de difficiles et grandes responsabilités » 5 .<br />
S’occupant très longtemps de la traduction poétique, le théoricien mentionné<br />
a eu une contribution essentielle dans l’exploration et la clarification de ce<br />
vaste domaine de recherche. A partir de la constatation que «chaque lexique<br />
d’une langue est constituée d’une mosaïque de termes dont la structure de<br />
surface et les sous divisions ne correspondent pas entre eux» 6 et que «la<br />
coïncidence de la traduction en deux langues différentes et presque toujours<br />
impossible» 7 , g. Mounin surprend certaines limites de la traduction, même<br />
littérale. Il en est de même pour René thom qui s’avère être sceptique en ce qui<br />
concerne la réalisation d’une «traduction parfaite». «Une traduction parfaite,<br />
- dit-il -, c’est-à-dire une compréhension définitive et une généralisation de<br />
la manière où tout être humain attache la parole à l’objet devrait exiger de la<br />
part de l’interlocuteur un accès complet à cet être ; il faudrait, également, que<br />
l’interlocuteur passe par une complète transformation mentale – une notion<br />
dépourvue de sens du point de vue réel ainsi que logique» 8 .<br />
En conclusion, même si une traduction est effectuée au niveau de mot à<br />
mot et de proposition à proposition, il n’existe pas de privilège de l’accès à<br />
la totalité fondamentale.<br />
toutes les théories émises jusqu’à présent sur la traduction – formelle,<br />
pragmatique, chronologique – ne représentent que des variantes d’une seule<br />
question inévitable. En quelle mesure, faut-il que la fidélité puisse et doive<br />
se réaliser? La préoccupation a été, le long des années, la restitution du<br />
tout entier, sans y ajouter quelque chose ou en omettre quelque chose, la<br />
dichotomie proposée par Saint Jerôme restant, en principe, la même: verbum