Nr. 4 (33) anul IX / octombrie-decembrie 2011 - ROMDIDAC
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et verbo, mot à mot dans le cas des mystères, mais sed sensum exprimere<br />
de sensu, signification pour le reste 9 .<br />
La mise en doute absolue d’une telle possibilité exclut, paraît-il, l’existence<br />
d’une communication authentique entre les cultures, impliquant, à la fois, une<br />
discontinuité entre elle, tout comme entre la pensée et le langage.<br />
Les premières traductions de Baudelaire ont tenté un transfert de sens<br />
d’une langue à l’autre, ce qui supposait un transfert de signification en temps<br />
et espace, de manière que la découverte de la poésie baudelairienne revenait<br />
justement aux traducteurs. Mais il s’agit, selon la formule risquée (au risque) 10<br />
par laquelle le transfert en roumain, multipliant les risques, a vérifié aussi la<br />
possibilité d’essayer.<br />
Cependant, peu à peu, les relations entre les termes ont été successivement<br />
poursuivis, dans toutes les couches de l’expression (sonore, grammaticale,<br />
sémantique, etc) 11 , les uns des poètes-traducteurs essayant la restitution<br />
d’une image globale du texte. Apparemment, chaque traduction devient une<br />
unique et irrépétable source d’énergie et imagination. Chez Baudelaire, chaque<br />
mot doit être pris pour sérieux, avec ses sens, avec sa signification affective,<br />
avec ses sonorités, de telle manière que chaque poème devienne en même<br />
temps son, sens et vision.<br />
La grande attraction exercée par les poèmes de Baudelaire est due au fait<br />
que ceux-ci impressionnent (touchent), par leur structure d’une forme sans<br />
égal dans la littérature française, tout comme par la signification spéciale de<br />
chaque terme utilisé par le poète. Les multiples variantes de traductions ont<br />
tenté de rendre justement cet aspect.<br />
La poésie L’albatros a eu <strong>33</strong> variantes, Parfum exotique – 19 variantes,<br />
Tristesse de la lune - 19 variantes, Chanson d’Automne – 19 variantes,<br />
Correspondances (Philippide, Zeletin, hodos) – 14 variantes, Elévation – 12<br />
variantes, L’Ennemi – 18, Hymne à la beauté – 16, Recueillement – 15, De<br />
Profundis Clamari – 11, L’Homme et la Mer – 13, La Mort des Amants – 14<br />
variantes.<br />
La liste des traducteurs est, elle-même, impressionnante : t. Arghezi, Al.<br />
Philippide, geo Dumitrescu, Al. hodos, C.D. Zeletin, Ştefan Augustin-Doinaş,<br />
B. Fundoianu, Dan Botta, Cicerone theodorescu, victor Eftimiu, Cezar Baltag,<br />
Romulus. vulpescu, etc. Le grand nombre de traducteurs et de variantes<br />
existantes dans la littérature roumaine, pour les poèmes baudelairiens, ne font<br />
que démontrer la théorie de Walter Benjamin selon laquelle, «le problème de<br />
la possibilité de traduire certaines œuvres reste ouvert» 12 . C’est le cas, des<br />
traducteurs de Baudelaire pour lesquels l’effort de la création se transforme<br />
dans le plaisir de la performance mimétique de transposer en roumain le<br />
message de l’œuvre, de découvrir ce que Lévi-Strauss nommait «le mystère<br />
suprême». Certes, Baudelaire est un poète tout spécial: son invention lexicale<br />
s’étend dans son cas au niveau de certains segments complexes; les vers<br />
s’associent en configurations stylisées, utilisant largement le refrain; les mots<br />
non-flexionnels ont un régime sémantique particulier, notamment les adverbes<br />
et les interjections utilisées pour leur effet majeur de connecteurs.<br />
Séduits par l’investigation de l’original, les poètes-traducteurs ont tenté<br />
non seulement de réaliser un transfert de signification en temps et espace,<br />
mais aussi de respecter l’harmonie et la musicalité des poèmes. La multitude<br />
des variantes prouvent que chaque fois qu’ils reviennent à une poésie de<br />
Baudelaire, les traducteurs apprennent découvrir d’autres possibilités, d’autres<br />
pouls des relations que lui confèrent de «l’internalité». Ces abstractions-là,<br />
EX PONTO <strong>Nr</strong>. 4, <strong>2011</strong><br />
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