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Grâce au hasard des découvertes on possède plusieurs fragments
du rituel d'initiation à l'âge adulte pratiqué sur les princes
hittites. Texte toujours incomplet mais déjà suffisant pour dévoiler
le programme de cette cérémonie qui s'échelonne sur plusieurs
jours et dont aussi bien le caractère concret que les intentions non
déguisées laissent supposer qu'elle demeure proche des pratiques
originelles. 14 Elle ouvre ainsi le regard sur l'évolution et l'élaboration
que ce motif initiatique connaît par la suite en devenant plus
abstrait et en prenant aussi des aspects littéraires.
La cérémonie est qualifiée dans le colophon de EZEN hassumas
(hass- «naître, créer») qui est à comprendre comme «fête de
l'enfantement» ou «de la procréation» soit encore celle «de la (re)naissance».
Cet appellatif correspond aussi bien sur le plan sémantique
que grammatical au védique rajasuya «(rite) pour l'enfantement du
roi» qui désigne en Inde la cérémonie initiatique au concept et au
programme analogues. 15
La partie conservée du programme hittite nous apprend que le
prince va accomplir tour à tour des rites dans les lieux qui auront
une importance dans son existence future. Ces rites sont toujours
accompagnés de purifications et de festivités.
Le rite de la mort et la résurrection symboliques du pince qui
doit connoter la rupture avec son état d'adolescent, a lieu dans la
maison hesta qui est celle de la Mort:
«Et le prêtre tazelli va dans la maison hesta; 2 pains humides, 4
pains doux, 4 gros pains d'une demi-mesure et douze pains tarkumu
et pour ces dieux mêmes il boit douze fois. Mais ils emmènent dehors
un bouc et ensuite le tuent et le découpent et ils le mangent…»
L'initiation du prince aux activités agricoles se déroule dans le temple
de la déesse Kattahha:
14 Pour un aperçu général de ce document on se rérérera à H. G. Güterbock,
publié en 1969 et repris dans Selected writings of H. G. Güterbock, Chicago 1997,
111—113.
15 Comme l'avait très justement relevé V. G. Ardzinba, Vestnik Drevnej Istoriji
1981, 87—96, en mettant en évidence l'héritage commun de ces deux cérémonies.
Il ne manque pas de souligner l'importance du nombre douze aussi bien dans
le rituel hittite que védique auquel les hittitologues n'avaient pas accordé une attention
particulière. Tout récemment, A. Taggar-Cohen, Hittite Priesthood, Heidelberg
2006, 352, relève de son côté le rôle du nombre douze dans ce texte, mais sans saisir
sa symbolique et encore moins établir la relation avec les attestations de ce
nombre dans d'autres contextes.
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