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No 96 - IUMSP

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La distribution de préservatifs est l'action la plus appréciée par les prostituées. Les brochures<br />

d'information, le conseil et les aiguillages vers d’autres structures d’accueil sont également bienvenus.<br />

Il arrive (rarement !) que les femmes viennent acheter les préservatifs à l'association, bien<br />

qu'elle les offre au prix coûtant. Les médiatrices offrent des préservatifs spéciaux pour les rapports<br />

privilégiés et privés des prostituées; ils sont acceptés mais rares sont les commentaires sur<br />

leur utilisation. Bien que la crainte du sida reste grande et que le VIH/sida ne se soit pas banalisée<br />

chez les travailleuses du sexe, la prévention du VIH/sida n'est plus la porte d'entrée pour les<br />

médiatrices. Le thème de la santé est beaucoup mieux accepté et peut amener à parler de la protection.<br />

Les danseuses de certains pays de l'Est connaissent le travail de prévention effectué dans<br />

leur pays d’origine et l'acceptent bien, d'autres disent de n'en pas avoir besoin.<br />

Les services du planning familial forment un dispositif de prévention secondaire pour les travailleuses<br />

du sexe. Les services sont sollicités lors de moments de crise, voire quand les femmes sont<br />

confrontées avec une grossesse non désirée. Les conseillères saisissent le moment d'entretien<br />

pour aborder la question de leur future protection contre les infections sexuellement transmissibles<br />

et les grossesses non désirées. Le plus souvent, il n'y a pas de suivi de ces cas et il est difficile<br />

à savoir si le conseil est bien accepté.<br />

Certaines personnes ne sont pas atteignables : soit parce qu'on ne dispose pas de médiatrices<br />

culturelles (s’il est possible d’atteindre les femmes latino-américaines dans les salons, les<br />

femmes originaires d’autres régions du monde sont difficilement atteignables 42 ) soit parce<br />

qu'elles ne peuvent pas se rendre au bus (elles sont surveillées et menacées et viennent surtout<br />

des pays de l'Est). Enfin, certaines femmes ne veulent pas être identifiées comme prostituées et<br />

côtoyer les autres femmes. Certains saunas/salons de massage et deux cabarets restent<br />

inaccessibles, faute de collaboration avec les gérants qui n'admettent pas de visites. Les salons<br />

africains restent résolument fermés. On craint que les femmes les plus vulnérables (très jeunes,<br />

sous contrainte) ne soient jamais visibles lors des visites des médiatrices. On constate que les<br />

travestis, et particulièrement les travestis toxicomanes montrent une assez grande<br />

résistance/ras le bol contre les messages et les actions de prévention. Ils gardent en distance le<br />

discours de la prévention.<br />

Vulnérabilité — Comme ailleurs, ce sont les prostituées toxicomanes qui sont décrites comme<br />

les plus vulnérables au sein des différents segments. Elles fréquentent le bus de Fleur de Pavé où<br />

elles font l’objet d’une attention particulière de la part des intervenantes. Parmi les femmes les<br />

plus vulnérables, on compte également de très jeunes filles, souvent clandestines, employées dans<br />

des salons de massage. Celles-ci sont souvent cachées lors des visites des médiatrices ou travaillent<br />

dans des salons qui, pour les raisons mentionnées plus haut, ne sont pas accessibles pour les<br />

médiatrices APiS. Il arrive que ces filles (ainsi que d’autres clandestines) soient reçues par les<br />

services de planning familial quand elles ont besoin d'une interruption de grossesse. Elles arrivent<br />

souvent en Suisse sans savoir qu'elles vont se prostituer. Elles sont sollicitées par des<br />

'copines' dès leur arrivée, voire plus tard, quand elles n'arrivent plus à subvenir à leurs besoins.<br />

Elles n'ont aucune préparation au métier et pas de connaissances professionnelles particulières.<br />

Dans la plupart des cas, elles sont enceintes à la suite de rapports non protégés avec les clients.<br />

Les danseuses de cabaret par contre se protègent mieux lors des contacts avec les clients, mais<br />

acceptent des rapports non-protégés privés. Elles aussi sont très vulnérables et souvent dans un<br />

état psychique fragile.<br />

Aussi bien dans le bus, que lors des visites dans les salons, on observe une modification dans le<br />

suivi des contacts avec les femmes. En effet, un nombre toujours croissant ne séjourne à<br />

Lausanne que pour une durée de quelques mois. Le rapport de confiance, qui ne peut s'établir<br />

que dans la durée, est dès lors compromis. Dans de telles situations, le message de prévention est<br />

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