No 96 - IUMSP
No 96 - IUMSP
No 96 - IUMSP
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
de personnes anciennement toxicomanes, d’un nombre plus réduit d’homosexuels et de personnes<br />
d’origine étrangère. Elle témoigne de problématiques relativement similaires à celle de AAT.<br />
Prévention — Comme on l’a souligné plus haut, la prévention n’occupe pas une place clairement<br />
identifiable au sein du dispositif de prise en charge. Pour aucun des intervenants interrogés,<br />
il n’est question de faire explicitement de la prévention auprès des personnes séropositives.<br />
Celle-ci s’inscrit dans un contexte relationnel particulier que les intervenants doivent veiller à<br />
protéger. Elle est avant tout une écoute active. Elle ne se manifeste pas sous la forme d’un discours<br />
normatif. Mais surtout, elle intervient lorsque l’occasion se présente, par exemple lors de<br />
l’acquisition d’un nouveau partenaire.<br />
Les intervenants notent également que l’impact positif des multitraitements sur la virémie s’est<br />
traduit par de nouveaux enjeux en matière de prévention. D’après eux, les personnes séropositives<br />
ont été parmi les premières à comprendre le rapport existant entre le niveau de la charge<br />
virale et le degré de contagiosité. Au départ, il était relativement difficile pour les intervenants<br />
d’évaluer les conséquences que cette relation de cause à effet pouvait entraîner au niveau des<br />
comportements. Chemin faisant, ils ont observé que la diminution de la charge virale influence<br />
positivement l’estime de soi : elle se caractérise notamment par une diminution du sentiment de<br />
contagiosité : « se sentir psychologiquement moins contagieux ». Si les intervenants n’ont pas<br />
changé d’approche de prévention depuis l’arrivée des nouveaux traitements, ils prennent<br />
davantage en considération les aspects liés à la virémie. Ce thème semble relativement fréquent<br />
au cours des entretiens avec les personnes séropositives et plus particulièrement avec celles<br />
vivant en couple.<br />
Les personnes séropositives ont également la possibilité de poser des questions par téléphone.<br />
Autant pour les personnes séropositives que pour les intervenants, ce canal de communication<br />
représente l’occasion de parler de prévention de façon plus directe et sur la base de situations<br />
concrètes. De fait, au cours des entretiens en face-à-face, les thématiques sont beaucoup plus<br />
enchevêtrées.<br />
L’assistant social de l’Hôpital Civico n’a pas à proprement parler pour mission de faire de la<br />
prévention auprès des personnes séropositives. C’est plutôt le rôle de la consultation du service<br />
d’infectiologie avec lequel l’assistant social entretient des contacts très étroits. Il n’empêche que<br />
celui-ci est en mesure d’aborder cette problématique dès lors qu’il est relativement proche des<br />
ses clients et qu’il connaît certains détails intimes de leur existence. Il relève néanmoins que<br />
ceux-ci ne parlent pas fréquemment de leur sexualité. Les hommes sont généralement plus<br />
loquaces. Certains lui confient qu’ils font appels aux services de prostituées, d’autres lui parlent<br />
de leur isolement social et affectif. Tous déclarent utiliser le préservatif, aussi les bien les<br />
hommes que les femmes a .<br />
Difficultés, besoins — Pour les intervenants de l’AAT, le problème de la réinsertion socioprofessionnelle<br />
se trouve au cœur de leurs préoccupations, mais figure également parmi les problèmes<br />
les plus difficiles à traiter. Même si une partie des personnes séropositives aspirent à retrouver<br />
une activité professionnelle, peu sont disposés à renoncer aux rentes de l’assurance invalidité.<br />
Du point de vue qualitatif, il faut également que cette activité puisse leur convenir. Moyen efficace<br />
pour rompre l’isolement social et pour résoudre les problèmes liés à l’occupation du temps,<br />
la réinsertion professionnelle est néanmoins un objectif très difficile à réaliser. L’assistant social<br />
de l’Hôpital le remarque également : « Sur le plan professionnel, c’est difficile de trouver des emplois<br />
a<br />
Dans le cadre des rapports sexuels tarifés, ce sont les prostituées qui d’emblée s’occupent de mettre le<br />
préservatif.<br />
94