No 96 - IUMSP

En Suisse, la création d’une charte similaire pourrait être envisagée, de manière à intensifier, à
homogénéiser l’engagement des saunas et sex-clubs dans le domaine de la prévention, et de trouver
un compromis quant à la répartition des coûts et, d’une façon générale, de favoriser la
convergence d’intérêts.
On notera pour mémoire que l’ASS s’était engagée sur cette voie dès la deuxième moitié des
années 1980. En 1986, elle avait notamment pris l’initiative de rassembler les propriétaires de
sauna dans le cadre de conférences régulières (IG Sauna : Interessengemeinschaft Sauna). Il
était non seulement question d’assurer une forte visibilité de la prévention au sein de ses
établissements et d’assurer l’approvisionnement en préservatifs (Hot Rubber), mais aussi
d’encadrer les clients faisant leurs premiers pas dans ce milieu, en particulier les jeunes 70 .
L’association n’a malheureusement rien entrepris depuis plusieurs années. On ignore dans quelle
mesure l’IG Sauna pourrait mobiliser à nouveau les propriétaires de saunas et de sex-clubs
autour d’objectifs de prévention. En tout état de cause, Pink Cross et l’ASS pourraient instaurer
une nouvelle dynamique dans ce sens. A terme, une intégration de cet aspect de la prévention
dans la gestion de routine des saunas, sur une base formalisée par une charte, permettrait aux
ORW de concentrer davantage leur action à des endroits plus difficiles d’accès et/ou qui
requièrent des compétences spécifiques.
6.3.2 Interventions sur les aires de drague (scène anonyme)
Accès à une population hétérogène et vulnérable
Les aires de drague (parcs, aires d’autoroute, toilettes publiques, autrement appelées cruising
areas) sont précisément le type de 'settings' nécessitant le savoir-faire d’un ORW. Les interventions
sur les composantes de cette scène anonyme sont d’autant plus importantes qu’elles permettent
d’atteindre une population hétérogène, dont une partie est réputée difficile d’accès : en
particulier les hommes qui ont des rapports homosexuels sans que ces pratiques soient associées
à une prise de conscience identitaire. De fait, la majorité des acteurs de la prévention
HSH, de même que les chercheurs du domaine sida s’accordent à penser que la difficile intégration
de l’homosexualité à la personnalité constitue un important facteur de vulnérabilité face au
VIH/sida 7,71 . Mais ces personnes ne sont pas les seules à présenter une forme particulière de
vulnérabilité. La scène anonyme (tout comme les saunas) accueille également des HSH multipartenaires
ayant parfaitement intégré leur orientation homosexuelle, des hommes vivant dans
le cadre d’une relation stable ouverte (quel que soit l’arrangement des membres du couple par
rapport à la recherche de partenaires sexuels occasionnels), mais encore des jeunes, fragilisés par
le manque d’expérience.
Pour ces raisons, une présence régulière de la prévention sur ces différents lieux paraît nécessaire
(présence de l’ORW et actions d’envergure, à l’image des interventions menées sur la scène
commerciale). Il n’en demeure pas moins que les interventions dans les parcs exposent les
représenter les intérêts des commerçants gays, peut légitimement attester de la probité des établissements
signataires, lorsque ceux-ci demandent par exemple des autorisations spéciales d’ouverture aux
pouvoirs public. Mais encore, les établissements signataires répondent aux souhaits des consommateurs,
dont on peut penser qu’ils attendent de leur établissement le maintien d’un haut niveau de
prestation. D’une manière générale, ce système remplit une fonction clairement incitative et ne peut
que servir les intérêts des parties prenantes. De plus, les contraintes se limitent à celles consenties
contractuellement, de façon bilatérale et , qui plus est sans que l’intervention des pouvoirs publics ne
soit nécessaire. Pour plus d’informations sur le rôle du SNEG dans la prévention, voir le rapport
d’activité Actions de prévention du SNEG 84 .
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