No 96 - IUMSP

acteurs de la prévention à des conditions de travail difficiles, voire risquées a (d’autant plus si
l’ORW se rend seul sur les lieux). La pénibilité du travail n’est probablement pas sans conséquences
sur la motivation des intervenants à long terme. En outre, ce type d’activité implique
que ceux-ci fassent preuve d’un certain charisme.
Bien que les participants du focus-groupe n’aient pas mis en doute l’utilité de ces interventions,
certains d’entre eux se sont néanmoins interrogés sur l’accueil que les cruisers (personnes fréquentant
les lieux susmentionnés) pouvaient réserver à ce type d’interventions (acceptabilité de
l’offre). Les expériences rapportées par les ORW qui se rendent régulièrement sur les aires de
dragues montrent cependant que leur présence est plutôt bien acceptée par les cruisers.
Collaborations spécifiques
Sur les aires de drague, les conditions d’exercice de la prévention dépendent également des collaborations
formelles ou informelles que les ORW ont pu obtenir de la part d’autres acteurs, à
priori étrangers à l’action préventive, mais qui sont toutefois concernés par la fréquentation des
HSH de certains lieux. Il s’agit principalement de certains services des administrations municipales
et/ou cantonales et des services de police. Une bonne communication entre les intervenants
et les administrations concernées permet de réduire les éventuels conflits d’intérêt pouvant
résulter de la présence de cruising sur certains lieux, en particulier en ce qui concerne la propreté.
La collaboration entre le service des parcs et jardins et AHbB (Aids Hilfe beider Basel) est,
à ce titre, exemplaire. Elle s’est notamment concrétisée par la production commune de catchcovers
b (Spielregeln für Männer im Park) sur lesquels figurent non seulement les règles de safersex
mais aussi des règles relatives à la propreté des lieux. Au Tessin, l’ORW est par exemple
parvenu à installer une dizaine de distributeurs de préservatifs avec le concours des autorités
cantonales. Ces exemples témoignent des avantages que représente une communication soignée
et stratégique avec différents services administratifs de manière à désamorcer d’éventuels
conflits. Il n’empêche que les services de voirie n’hésitent pas à user de certains moyens afin de
limiter la fréquentation des aires de drague (y compris à Bâle). Dans les parcs, les éclairages sont
fortement réduits, voire carrément supprimés. De même, les buissons deviennent de moins en
moins denses c .
Les services de police, quant à eux, ne semblent pas entraver le travail de prévention : soit ils
s’abstiennent d’intervenir sur ces lieux, soit ils exercent une activité de surveillance, laquelle peut
évidemment être interprétée comme une manifestation hostile des pouvoirs publics à l’égard des
cruisers. Encore une fois, la communication avec les services concernés permet d’atténuer ces
problèmes.
Distributeurs de préservatifs
Il va de soi que les ORW ne sont pas en mesure d’assurer une présence soutenue sur les aires de
dragues. Ils ne pourront guère s’y rendre plus d’une à deux fois par mois. C’est la raison pour
laquelle, la mise en service de distributeurs de préservatifs à des emplacements appropriés s’avère
importante. Les participants du focus-group ont largement reconnu cette nécessité. Une partie
a
b
c
Pour les HSH, les risques d’agression et de passage à tabac sur certains lieux de drague (notamment
dans certains parcs et WC publics) ne sont pas à exclure.
Dans ce contexte, les catch-covers sont des pochettes cartonnées contenant un préservatifs. La surface
de la pochette est généralement utilisée comme support pour des messages de prévention ou
d’informations (adresses, numéros de téléphones des antennes de l’ASS ou des consultations de
dépistage, etc.).
Voir par exemple l’article que le magazine 360° a consacré à ce sujet 85 .
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