No 96 - IUMSP

n’est pas OUT, souligne l’ORW, il faut créer des canaux de communication ou créer des lieux
où distribuer du matériel ». Dans ce contexte, il est relativement difficile d’apprécier de quelle
façon l’offre est acceptée par le public-cible. On notera cependant que la fréquentation élevée des
premières manifestations organisées par Collegati témoigne du fait que le public existe et qu’il
est plus ou moins disposé à se rendre visible. Les fêtes organisées par ce collectif ont déjà permis
de diffuser des messages de prévention à un grand nombre de personnes, mais aussi de mieux
faire connaître l’offre dans ce domaine : en particulier la possibilité de recourir à un conseil spécialisé
soit à l’AAT, soit directement auprès de l’ORW.
Prévention sur le terrain — Il n’en demeure pas moins que les lieux de rencontres anonymes
comme les aires d’autoroute représentent, au Tessin, une part importante de la scène HSH. Ces
lieux sont susceptibles de regrouper une clientèle relativement hétérogène (cruisers), en particulier
du point de vue de l’identité sexuelle. En effet, cette scène est aussi bien fréquentée par des
gays résolument multipartenaires que par des hommes qui ne s’identifient pas comme homosexuels.
Grâce aux distributeurs de préservatifs, l’ORW juge ainsi atteindre une clientèle assez
diversifiée et plus ou moins vulnérable. D’après son estimation, environ 10% des cruisers
achètent les préservatifs proposés dans les distributeurs. Cette estimation est toutefois fragile, car
le nombre moyen de cruisers n’est pas connu. Si l’ORW maintient la présence d’une prévention
spécifiquement HSH sur les lieux de drague, il a néanmoins arrêté d’intervenir en face à face
suite à de mauvaises expériences avec quelques destinataires de l’offre (une altercation et un acte
de malveillance sans gravité). Quelques HSH ont par ailleurs fait remarquer à l’ORW, que le
préservatif du kit de prévention a était trop petit. Quant aux actions ponctuelles menées sur le
terrain, l’ORW estime qu’elles sont globalement bien acceptées. Le sauna de Lugano distribue
quant à lui autant de préservatifs qu’il a de clients, soit environ 1000 par mois : une prestation
dont les clients ne perçoivent pas toujours le coût et que certains ont tendance à considérer
comme allant de soi b .
Prévention pour les jeunes — Plus difficiles à atteindre, les jeunes de moins de 18 ans ne fréquentent
à priori pas les aires d’autoroutes ni les saunas (l’âge de la majorité et du permis de
conduire n’étant pas atteint). Aussi bien l’ORW que le propriétaire du sauna observent néanmoins
que la nouvelle génération est davantage séduite par un discours centré sur l’acceptation
de soi et les relations affectives que sur un mode de vie articulé autour de la drague et des rencontres
sans lendemain. Dans cette optique et compte tenu de toutes les difficultés qu’implique
le processus de coming out, la brochure ' Essere se Stessi ' paraît parfaitement adaptée au publiccible,
bien qu’il soit encore difficile d’établir dans quelle mesure celui-ci a été exposé à cette
offre. On notera que, aussi bien la publication de la brochure que le séminaire qui y était associé
ont bénéficié d’une bonne couverture médiatique. Dans son rapport d’activité, l’ORW souligne
que l’intervention a généré des réactions positives tant de la part de différents acteurs socio-sanitaires,
que du public. Elle a de plus :
• facilité la prise de contact avec les écoles et les travailleurs sociaux (opérateurs sociosanitaires)
;
a
b
Le kit de prévention (3000 unités) a été diffusé aussi bien sur les aires de drague que sur les scènes
associative et commerciale.
La mise à disposition de préservatifs et de lubrifiants dans les saunas joue un rôle important dans
l’appréciation des établissements par les guides gays, en l’occurrence pour le guide Spartacus, qui dans
ce domaine est une référence incontournable. Récemment, un mensuel gay français a listé la totalité
des établissements du territoire en tenant compte de l’aspect prévention. Les résultats montrent que la
grande majorité des saunas ont adopté ce principe.
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