No 96 - IUMSP

d’appels et le nombre d’entretiens effectivement réalisés par les bénévoles des différentes associations.
D’après les statistiques fournies par le coordinateur de Pink Cross, au cours du deuxième
semestre 2001, le nombre d’entretiens réalisés ne représentaient que 5% du nombre total
d’appels (plus de 3000 par année). Cette apparente sous-utilisation de l’offre n’est pas sans menacer
la pérennité de cette offre sur le long terme. A Bâle, l’antenne cantonale de l’ASS a notamment
décidé de ne plus participer au financement de la ligne. Manifestement, la forme actuelle
de l’offre ne paraît pas adéquate. Le seuil d’accès est peut-être trop élevé pour le public-cible. Il
se caractérise par une certaine lourdeur au niveau des sélections nécessaires à l’obtention de
l’information désirée a Les doutes relatifs à l’utilité de cette offre avaient par ailleurs conduit les
associations romandes à renoncer au principe de coordination, tout en maintenant leur propre
service d’écoute téléphonique. Cependant, suite à une enquête menée auprès des services traditionnels
d’écoute téléphonique, celles-ci ont décidé de rétablir la Rainbow-Line romande. La
ligne a donc été réactivée en septembre 2002. Il est encore trop tôt pour se prononcer sur le succès
de cette opération. On notera néanmoins que durant le premier semestre 2002, la permanence
téléphonique de Vogay a enregistré une augmentation sensible de la fréquentation (4.4.3).
Celle-ci serait probablement liée à la visibilité et/ou la médiatisation croissantes de l’association
et des ses interventions.
D’une manière générale, les statistiques fournies par Pink Cross et Vogay montrent que peu
d’appels concernent spécifiquement le VIH/sida et le safer-sex. Les demandes sont davantage
associées à des difficultés sur le plan psycho-social (coming out, difficultés personnelles et familiales,
isolement). Telles qu’elles sont conçues, les permanences téléphoniques jouent un rôle important
en matière d’aiguillage. Et même si la problématique du VIH/sida est faiblement représentée
parmi les motifs d’appel, les intervenants veillent à ce que les appelants reçoivent une
information adéquate dans ce domaine.
Complémentarité des offres
Les services d’écoute téléphoniques et le conseil anonyme sont des offres plus ou moins complémentaires.
La Rainbow-Line se prête volontiers à des entretiens personnalisés et prospectifs
(une demande peut en cacher une autre). Drgay.ch offre également un conseil personnalisé, dont
d’autres utilisateurs peuvent également bénéficier ; mais cette offre n’est pas à proprement parler
un service d’écoute. De plus, les deux offres ne répondent pas tout à fait aux mêmes types de
demandes.
6.3.5 Faible présence de la prévention VIH sur Internet
Les participants du focus-group ont souligné avec force que les espaces virtuels étaient insuffisamment
exploités par les acteurs de la prévention sida. Certes, la grande majorité d’entre eux
décline son offre sur Internet, mais il semblerait qu’ils ne tiennent pas suffisamment compte des
sites sur lesquels l’établissement de bannières serait tout à fait indiquée. Il s’agit principalement
des sites gérés par les commerces gays et des salons de discussion b . Ainsi s’est exprimé l’un des
participants du focus-group, par ailleurs gérant d’un établissement gay : « Nous, les commerçants
gays, on n’est pas touché par ce genre de chose. On n’est pas contacté. (… ) Certains font des liens parce
qu’ils veulent bien les faire. Mais on peut prendre le site des 10 commerçants de la place de Lausanne…
a
b
L’appelant est obligé d’écouter une bande son et de procéder à des sélections avant d’entrer en contact
avec un répondant de la Rainbow-line, ce qui peut donner à l’offre un caractère rédibitoire. Rien
n’indique cependant que cet élément soit pertinent dans l’analyse de l’utilisation de l’offre.
On notera néanmoins que la plupart des salons de discussion sont gérés à l’étranger. Cela limite les
possibilités d’intervention dans la mesure où toute référence au territoire national ou local disparaît.
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