No 96 - IUMSP
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vité a . Elle observe également que les patients homosexuels changent plus souvent de partenaires,<br />
ce qui l’incite à aborder plus régulièrement la question de la prévention, car eux-même abordent<br />
ce sujet relativement rarement. Ainsi, les situations varient d’un individu à l’autre et le conseil<br />
s’inscrit dans une dynamique relationnelle chaque fois particulière. Les discussion de groupes<br />
organisées par le GSN permettent de traiter de la prévention d’une façon plus informelle. Lors<br />
de ces réunions, tous les sujets peuvent être envisagés. Pour l’intervenante du GSN, ces discussions<br />
sont l’occasion de vérifier les connaissances et, au cas échéant, de les rectifier.<br />
Enfin, comme on l’a mentionné plus haut (voir 3.5.1), l’intégration des patients dans la cohorte<br />
représente une occasion de prévention non négligeable. L’infirmière du service d’infectiologie a<br />
par ailleurs mentionné ce point lors de l’entretien. La passation du questionnaire crée des conditions<br />
favorables pour un conseil ciblé. Celui-ci permet d’engager une discussion qui pourrait ne<br />
pas avoir lieu en d’autres circonstances. En ce sens, le questionnaire fait office de support. Il<br />
règle l’interaction entre le soignant et le patient et réduit au cas échéant les difficultés liées à<br />
l’évocation de pratiques qui relèvent de l’intimité de ce dernier.<br />
Besoins non-couverts — A la lumière des entretiens réalisés, les besoins et les attentes des personnes<br />
séropositives en matière de prévention restent relativement difficiles à identifier. Lorsque<br />
l’on a demandé aux prestataires d’évoquer les besoins (éventuellement non-exprimés) qui ne<br />
seraient actuellement pas couverts, les réponses ont débordé du domaine restreint de la prévention,<br />
sans qu’il soit pour autant possible de dresser un inventaire raisonné (de besoins) à partir<br />
des informations récoltées b . L’intervenante du GSN, évoque pour sa part des difficultés<br />
existentielles, liées au fait que les personnes séropositives vivent dans l’incertitude par rapport à<br />
leur avenir et au succès de la thérapie à moyen-long terme : « Il y a beaucoup de points<br />
d’interrogation. Ils ont toujours eu des questions à poser, mais n’ont jamais eu de réponses fixes. On les<br />
a rarement dans la vie. Mais encore plus dans cette maladie. Cette absence de réponse est déstabilisante<br />
et fait que les personnes sont dans l’insécurité. Lorsqu’ils posent la question aux médecins, il y a des<br />
haussements d’épaules. Les personnes séropositives ont souvent des haussements d’épaules ». A ces<br />
difficultés s’ajoute la question de l’intégration sociale, en particulier professionnelle. La séropositivité<br />
se révèle être un handicap important dans la recherche d’emploi. Or, le retour à la vie<br />
active réduit les sentiments d’insécurité et d’incertitude évoqués ci-dessus. De fait, l’intervenante<br />
du GSN observe que les personnes qui ont pu conserver ou retrouver un emploi sont plus autonomes<br />
: « ils trouvent des réponses ailleurs ». La médecin-assistante souligne également<br />
l’importance des besoins sociaux. Mais elle évoque principalement l’absence de soutien psychologique<br />
pour les femmes africaines, dont certaines ont été violées par le passé. Elle signale par<br />
ailleurs des risques substantiels de stigmatisation et de mise à l’écart à l’intérieur des communautés<br />
migrantes, si bien que la révélation de la séropositivité à l’entourage s’avère extrêmement<br />
problématique, voire déconseillée. Enfin, elle mentionne des problèmes d’information par rapport<br />
au test de dépistage chez les requérants d’asile. La plupart des réfugiés africains, explique-telle,<br />
pensent à tort qu’ils ont été dépistés pour le VIH lors de leur arrivée en Suisse. Or, en vertu<br />
du caractère non-obligatoire du test, les centres de réfugiés ne le pratiquent pas d’emblée. Le<br />
service d’infectiologie de l’Hôpital des Cadolles a le souvenir d’un patient, dont la séropositivité<br />
a été découverte ultérieurement alors que l’intéressé pensait être séronégatif sur la base des<br />
examens médicaux qu’ils avait subis lors de son arrivée en Suisse.<br />
a<br />
b<br />
Les hommes africains, quant à eux, affirment ne pas avoir de partenaire en Suisse et leur famille (ou<br />
leur femme) restée dans leur pays d’origine.<br />
Tel n’est pas l’objectif de ce rapport.<br />
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