No 96 - IUMSP

adaptés à leur problématique. Des patients trouvent des emplois dans des ateliers protégés, mais ça ne
convient pas ». La séropositivité n’étant pas un phénomène socialement accepté, elle est presque
systématiquement dissimulée, non seulement de la part des personnes séropositives, mais aussi
de la part des intervenants lorsqu’il doivent entreprendre des démarches administratives pour
leur clientèle (assurances sociales, chômage, etc.). Le déni social de la séropositivité hypothèque
largement les chances d’intégration par le travail. Il incite les personnes séropositives à garder le
silence et entretient la méconnaissance sociale sur les conditions de vie des séropositifs. En 2001,
l’AAT a d’ailleurs organisé un séminaire sur ce thème, lequel avait pour titre : 'Le persone sieropositive
tra integrazione e invisibilità 38 .
L’assistant social de l’Hôpital relève que les personnes séropositives sont encore souvent
confrontées à des attitudes de stigmatisation. Même parmi les toxicomanes, souligne-t-il, les
séropositifs (mais aussi les personnes infectées par le virus de l’hépatite) inspirent la crainte et la
méfiance. Il évoque également les problème de voisinage entre la Casa Faro et la population du
village de Cevio a .
Les intervenants soulignent également que, pour une partie des séropositifs, la question du réengagement
dans la vie sociale ne se posait pas quelques années auparavant. Le changement de
perspective nécessite le cas échéant un accompagnement dans différents domaines, en particulier
sur le plan financier et social. La résolution de ces problèmes tendrait à prendre le pas sur les
questions propre à la sexualité. Mais les intervenants de AAT restent attentifs. Ils sont conscients
que, lorsqu’une personne renonce à la sexualité en raison de sa séropositivité, cette position
n’est pas inaltérable et qu’elle est amenée à changer. D’un autre côté, les différents intervenants
interrogés ont l’impression que les personnes séropositives souhaiteraient qu’on les aide
à faire des rencontres. Mais cette demande n’est pas exprimée. Le groupe d’auto-support de
l’AAT permet le cas échéant de répondre à cette attente b . Le groupe reste néanmoins réservé aux
personnes qui ont pu conserver une certaine autonomie. De fait, sur la demande du groupe, les
intervenants de AAT filtrent plus ou moins l’accès au groupe de manière à en préserver la
dynamique. Les personnes toxicomanes n’y ont par exemple pas accès.
Il n’y a pas vraiment été possible d’identifier des besoins dans le domaine de la prévention, si ce
n’est la difficulté à maintenir les comportements préventifs dans le cadre des relations de longue
durée.
Matériel utilisé — Le début de la prise en charge est un moment privilégié pour distribuer un
large éventail d’informations. C’est à ce moment que les intervenants mettent à disposition des
brochures concernant la thérapie, le travail, la sexualité, etc. Les personnes qui le souhaitent
peuvent également obtenir une liste détaillée de tout le matériel disponible. Au cours de la prise
en charge, les intervenants utilisent fréquemment les brochures comme support à la discussion.
Cela permet non seulement de traiter de problèmes concrets, mais aussi d’évaluer le niveau de
compréhension des personnes prises en charge. Des brochures aussi complexes que celles
portant sur la réinsertion professionnelle sont certes utiles aux yeux des intervenants, mais
restent difficile d’accès en termes de compréhension. Ils estiment en revanche que la récente
brochure sur la vie de couple et la sexualité est tout à fait adaptée, grâce notamment aux
témoignages qui y sont présentés. AAT met également des préservatifs à disposition, lesquels
répondent à une demande clairement identifiée.
a
b
Il aurait été dit que la présence de la Casa Faro dans le périmètre avait pour effet de dévaloriser le terrain,
voire de l’infecter (sic !).
Des couples se sont formés par l’intermédiaire de ce groupe.
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