No 96 - IUMSP
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seuses ont ainsi pu être contactées en 2002 (40 en 2001). Les gérants, mais aussi les danseuses,<br />
reconnaissent difficilement être impliqués dans le marché de la prostitution. Les gérants ont<br />
depuis toujours voulu se distinguer du monde des bars-alberghi, généralement considérés comme<br />
des bordels. Il semble que la prostitution des night-clubs se distingue effectivement de celle qui<br />
s'exerce ailleurs : il s'agirait plutôt de prostitution du segment supérieur (voir 6.2.2). Les danseuses<br />
tendent à considérer leurs clients comme des 'amis', qu'elles fréquentent (également) pendant<br />
leur temps libre. Le projet Venere a été conçu pour faire face à cette situation : la collaboration<br />
avec MayDay permet d'approcher les danseuses en tant que migrantes et non plus comme<br />
prostituées, avec des informations concernant les droits du travail, les services sociaux et la<br />
santé. Les médiatrices ne distribuent dans un premier temps que la brochure Venere qui aborde<br />
— dans cet ordre — les questions de droits du travail, de santé, de contraception, des IST et<br />
finalement du VIH. C'est seulement à la demande des femmes que des préservatifs sont<br />
distribués. Les médiatrices laissent un stock de préservatifs à quelques femmes qu'elles<br />
connaissent depuis plus longtemps, et celles-ci prennent ainsi le relais et peuvent distribuer les<br />
préservatifs à leurs collègues. Le projet Venere arrive ainsi, malgré les difficultés, à toucher les<br />
artistes de cabaret. Les médiatrices sont souvent sollicitées par les travailleuses du sexe et par les<br />
danseuses. Elles sont également sollicitées par des ‘anciennes’ quand il y a un nouvel arrivage de<br />
femmes grâce au numéro de téléphone portable que les médiatrices communiquent.<br />
Dans les appartements privés, le contact avec les travailleuses du sexe est difficile. Les médiatrices<br />
les atteignent avec difficultés, elles sont souvent sous contrainte et tenues à l'écart du<br />
monde extérieur. On estime que le nombre de femmes travaillant dans la clandestinité a augmenté<br />
suite à la fermeture par la police d'une grande partie des bar-alberghi : il est en effet difficilement<br />
imaginable que toutes ces femmes aient quitté la profession ou le pays. Ainsi, 50 d'entre<br />
elles ont été contactées par les médiatrices dans un seul mois d'effort concentré. Le contact a été<br />
établi surtout avec des Brésiliennes (y compris les travestis). Le travail des médiatrices et des<br />
associations leur a été présenté ainsi que de l'information sur le VIH et les IST. Ces contacts ont<br />
rarement donné lieu à un suivi.<br />
La première action Don Juan en 2000 (voir 3.1.2) qui vise les clients dans les bars ou dans les<br />
appartements privés, a été accueillie favorablement par les gérants et les prostituées et 70<br />
hommes ont ainsi été approchés. Les communes par contre s'opposaient à sa grande visibilité<br />
(les tentes), puisque implicitement celles-ci signalaient l'existence de la prostitution dans un lieu<br />
donné. Comme l'hypocrisie règne et que les bars ne sont pas ouvertement reconnus comme des<br />
lieux de prostitution, la tente de Don Juan a été vécue dans ces communes comme une véritable<br />
provocation. La deuxième édition de l'action Don Juan (2002) a tenu compte de cette expérience<br />
et s'est déroulée dans la discrétion (sans tente). Elle était tolérée par les gérants et appréciée par<br />
les clients rencontrés et les prostituées.<br />
Vulnérabilité — Les intervenantes estiment que toutes les travailleuses du sexe dans ce canton<br />
sont vulnérables, mais pour des raisons différentes : les femmes rencontrées dans les appartements<br />
ou les bars-alberghi sont parfois très jeunes, bien qu'elles disposent toutes de papiers qui<br />
certifient leur majorité. Leur jeune âge et leur inexpérience, ainsi que leur clandestinité, les rendent<br />
particulièrement vulnérables,. A ce titre, le planning familial relève que ce sont souvent les<br />
plus jeunes femmes du milieu de la prostitution qui demandent des interruptions de grossesse.<br />
Les danseuses sont vulnérables parce que les rapports avec leurs amis, considérés comme des<br />
rapports privés, ne sont pas toujours protégés. Pas du tout préparées pour le travail dans la prostitution,<br />
les danseuses travaillent de manière peu professionnelle. Elles-mêmes parlent difficilement<br />
de leur activité de prostituée. Lors de la formation des multiplicatrices (des danseuses) par<br />
exemple, c'est seulement lors de la quatrième rencontre que cette question faisait surface.<br />
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