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No 96 - IUMSP

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Les artistes de cabaret<br />

La situation des artistes de cabaret en Suisse est bien décrite dans un document le projet de loi<br />

du canton Vaud sur la prostitution 39 :<br />

« Le visa d'artiste de cabaret permet à des étrangères de travailler pendant une durée<br />

maximale de huit mois par année civile dans des cabarets et des nights-clubs suisses en tant<br />

que strip-teaseuses. Depuis 1995, un âge minimal de vingt ans est prescrit.<br />

Les polices cantonales estiment que de nombreux propriétaires ou exploitants de night-clubs<br />

n'ont intérêt pour la licence d'artiste de cabaret que dans la mesure où les femmes engagées<br />

comme strip-teaseuses ont également des rapports sexuels avec des clients de leurs<br />

établissements. Pourtant, la licence en question ne l'autorise pas. Ainsi, le client commande<br />

tout d'abord des boissons dont le prix est très élevé, avant d'en arriver, dans des logettes ou<br />

ailleurs, à des contacts plus ou moins intensifs avec les artistes de cabaret, auxquelles il doit<br />

encore verser de l'argent supplémentaire pour cette forme cachée de prostitution. La<br />

participation des femmes au chiffre d'affaire généré par les boissons se situe aux environs de 5%.<br />

Malgré le salaire minimal prescrit et fixé par le droit cantonal pour les artistes de cabaret, il<br />

est clair que les femmes ayant à assumer des charges régulières (taxes d'intermédiaires,<br />

locations, etc.) voient dans la prostitution un moyen d'éliminer les dettes qu'elles ont dû<br />

contracter ».<br />

Même si ce texte ne décrit pas exhaustivement la situation des artistes de cabaret, il met en évidence<br />

la contradiction entre l'occupation légale de la danseuse et la prostitution, exercée dans ce<br />

contexte de manière illégale. Le programme national APiS principalement ainsi que quelques<br />

autres interventions locales traitent de cette problématique en adoptant une approche appropriée<br />

à ce setting (par exemple le projet Venere au Tessin, voir 82).<br />

L'accès des intervenantes aux femmes dans les cabarets dépend de plusieurs facteurs : la bienveillance<br />

du gérant, la disponibilité des femmes et la bonne réputation du programme APiS auprès<br />

des gérants et des travailleuses du sexe. D'une manière générale, les gérants des cabarets ne sont<br />

pas hostiles aux interventions de prévention VIH. En témoigne le fait que, en 2001, 40% des<br />

contacts (soit 4405) du programme APiS ont été effectués dans ce milieu.<br />

Dans les meilleurs cas, le travail de prévention et éventuellement de consultation et d'aiguillage<br />

peut être effectué pendant un moment tranquille dans le cabaret en présence de toutes les femmes.<br />

C’est notamment le cas si la visite des médiatrices est annoncée préalablement et que le<br />

gérant a informé les femmes (cela se pratique notamment à Lausanne). Pour créer ces conditions<br />

favorables, le soutien actif de l'autorité locale ou cantonale joue un rôle important et peut ouvrir<br />

beaucoup de portes (voir le rôle actif du bureau des habitants de Bâle ou le soutien du médecin<br />

cantonal à Lausanne). A Lausanne, en 2001, 788 des 900 danseuses recensées durant l'année ont<br />

été contactées.<br />

Dans le pire des cas, les gérants n'admettent pas qu'il y a un lien entre le travail que les danseuses<br />

effectuent dans leurs établissements et la prostitution. Cet argument leur sert à refuser toute<br />

intervention de prévention (c'est le cas au Tessin). Les médiatrices sont alors obligées de visiter<br />

les femmes pendant la journée et dans leurs logements. Elles ne connaissent pas toujours les<br />

adresses. Leurs visites sont inattendues et les femmes peuvent être absentes ou indisponibles.<br />

L'accès aux femmes est très difficile et c'est seulement par la persévérance des médiatrices que<br />

certains contacts peuvent être établis (les médiatrices sont alors bienvenues et les contacts fruc-<br />

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