No 96 - IUMSP

arrivées à établir 3866 contacts en 2001 (49% des contacts effectués). Cette offre est parfois complétée
par d'autres offres locales, mais c'est le programme APiS qui effectue le gros des interventions
de type outreach-work dans ce milieu. On souligne que ces interventions ne couvrent de
loin pas la totalité des établissements, d'une part pour les raisons citées ci-dessus, d'autre par en
raison du manque de ressources financières et humaines pour atteindre davantage de travailleuses
de sexe.
Acceptation — Là où les médiatrices peuvent se rendre, leurs interventions sont bienvenues.
Elles peuvent aborder les thèmes liées à la prostitution et à la prévention de manière plus directe
et immédiate qu'avec les danseuses, mais pour toutes les femmes rencontrées, le fait que les
médiatrices parlent leur langue, puissent les renseigner et parfois même les accompagner reste de
première importance. La distribution de préservatifs et de lubrifiants ainsi que du matériel
d'information est indispensable pour établir le premier contact ('je viens te donner un cadeau') et
facilite l'ouverture sur les thèmes de la prévention.
Ici comme dans les boites de nuit, le contact humain et l'aiguillage semblent être les éléments les
plus appréciés par les femmes. Elles apprennent certes les détails des règles du safer sex, mais les
questions de santé, de travail et de droit (de séjour, etc.) sont des thèmes qu'elles jugent tout
aussi importants. Les entretiens avec les travailleuses du sexe ont montré que toutes avaient déjà
profité ou allaient profiter prochainement de l'aiguillage et parfois de l'accompagnement de la
médiatrice. Certaines, à leurs dires, ne seraient jamais entrées en contact avec le réseau médicosocial
sans l'encouragement très actif de la médiatrice. Soulignons qu'une partie de ce travail
d'accompagnement est effectué par les médiatrices de manière bénévole, dans leur temps libre.
Les remarques concernant la notoriété du programme APiS sont valable également dans ce setting
: il n'est pas rare que les travailleuses du sexe contactent spontanément les médiatrices lorsque
de nouvelles collègues arrivent ou pour demander des conseils; dans plusieurs endroits. Les
gérants accordent maintenant plus de temps aux médiatrices pour effectuer leur travail.
Dans ce segment comme dans celui des danseuses, la bienveillance des gérants, la notoriété du
programme APiS et la stabilité des médiatrices constituent des éléments stables qui contrebalancent
les difficultés créées par la rotation rapide du public cible.
6.2.7 Accessibilité des différents segments et acceptation des interventions
Dans le milieu de la prostitution, l'accessibilité et l'acceptation des mesures de prévention VIH
dépendent de facteurs individuels et de facteurs structurels. Malgré l'homogénéité d'approche du
programme APiS, les médiatrices de ce programme réussissent à adapter leur offre en fonction
des besoins de la femme rencontrée ce qui facilite son acceptation.
En ce qui concerne le segment haut du groupe cible, les deux éléments jouent un rôle : les femmes
ne s'identifient pas avec la profession de prostituée et ne sont atteignables que par téléphone
(et encore par l'entremise de l'agence d'accompagnement). Les femmes de ce segment sont donc
difficilement identifiables par des intervenants éventuels. Il conviendrait cependant de réfléchir à
l'opportunité d'actions qui visent ce groupe qui est décrit comme 'vulnérable'. Comme le montre
le chapitre consacré aux jeunes en décrochage, certaines jeunes filles pourraient se trouver
dans des situations de prostitution occasionnelle qui appartiennent à ce segment.
Pour le segment intermédiaire (les prostituées professionnelles), il y a moins d'obstacles personnels
ou structurels pour entrer en contact avec les travailleuses du sexe. Les offres locales et le
programme APiS atteignent ce groupe et peuvent être complémentaires. L'offre à destination de
ce groupe va plutôt dans le sens de l'empowerment et de la professionnalisation du secteur.
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