No 96 - IUMSP

Libres à eux d’intervenir directement auprès de leurs élèves, le cas échéant en collaboration avec
le groupe d formation. La prévention du VIH/sida ne fait pas partie des objectifs prioritaires du
groupe. Celui-ci fonde davantage son intervention sur la problématique du suicide chez les
jeunes gays, l’homophobie et le coming out.
5.2.6 Utilisation et adéquation de l’offre
D’après le coordinateur du groupe de formation, les interventions décrites ci-dessus ne font pas
l’objet de nombreuses demandes de la part des enseignants. Le manque de publicité explique ce
faible niveau de recours. D’après le coordinateur du groupe de formation, la gay pride romande
crée généralement de bonnes opportunités pour intervenir auprès des corps enseignants. En
amont des gay prides de Sion (2001) et de Neuchâtel (2002), le groupe de formation a eu en effet
l’occasion d’appliquer différents modules. Les écoles ont été informées, mais les interventions
n’avaient pas forcément lieu directement dans les écoles. En Valais, par exemple, l’intervention
s’est déroulée à Martigny, une semaine après que le Nouvelliste eut publié l’annonce du collectif
RomanDit a qui s’était alors violemment opposé à la manifestation. Une vingtaine d’enseignants
et quelques journalistes ont assisté au module. Dans le canton de Neuchâtel, trois interventions
ont eu lieu : dans un collège de la Chaux de fonds, au Groupe Sida Neuchâtel (GSN) et lors de le
gay pride de Neuchâtel. Des interventions ont également eu lieu dans les cantons de Genève et
de Fribourg. Dans ce canton, le groupe collabore actuellement avec les médiateurs des écoles
professionnelles. Il est prévu qu’entre 2003 et 2004, les jeunes scolarisés dans ses établissements
reçoivent une information ad-hoc. A l’avenir, le groupe souhaiterait également intervenir dans
les Hautes écoles spécialisées (HES) et les Hautes écoles pédagogiques (HEP).
Parmi les professionnels compris dans le public-cible, les enseignants des cycles d’orientation
figurent parmi les personnes les plus intéressées. Ceux-ci s’occupent en effet de jeunes âgés de 11-
12 à 15-16 ans, une tranche d’âge où des problèmes ou des questions relatives à l’homosexualité
peuvent surgir. Ces enseignants, souligne le coordinateur, se sentent souvent peu armés pour
répondre aux questions ou pour résoudre des conflits.
Les évaluations qui suivent les interventions confirment l’intérêt porté au problème de
l’homosexualité par les participants. Quant aux intervenants, ils observent que les difficultés
auxquelles les jeunes homosexuels font face sont très peu perçues par le public, notamment en ce
qui concerne les discriminations explicites ou latentes, l’usage répandu et toléré d’insultes
homophobes ou encore les effets néfastes de l’homophobie intériorisée b .
Pour les intervenants, la prévention du suicide figure parmi les besoins prioritaires. Malgré un
climat social plus ouvert que par le passé à l’égard des homosexuels, les plus jeunes d’entre eux
ont toujours des difficultés à en parler avec leur parents. De plus ce sujet reste un tabou pour de
nombreuses directions d’école et d’enseignants. La plupart des acteurs de l’instruction public
partent du principe que ce problème fait partie de la sphère privée et que c’est, par conséquent,
aux familles d’en parler. Or, souligne le coordinateur du groupe, un certain nombre de professionnels
de l’enseignement restent sur la réserve car ils craignent précisément une réaction négative
de la part des parents. D’une manière ou d’une autre, ces réserves et ces principes se renfora
b
RomanDit est une association sans but lucratif, proche des milieux catholiques fondamentalistes valaisans.
Elle est connue pour ses prises de positions extrêmes sur les thématiques de l’avortement et de
l’homosexualité. L’association développe sa conception de l’homosexualité dans un document disponible
sur son site Internet (http://www.romandit.ch).
Sur le thème de l’homophobie, théorie et concepts, voir l’ouvrage de Daniel Borillo, L'homophobie.
Paris: PUF, 2000.
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