No 96 - IUMSP

6.3.7 Les travailleurs de proximité (ORW)
Cette dernière section a pour objectif de préciser le rôle des ORW sur la base des observations
faites au cours de cette étude, en tenant compte — dans la mesure du possible — des recommandations
issues de la deuxième phase d’évaluation du programme HSH 21 . En complément, on
trouvera à l’annexe 9.4 un exemplaire du cahier des charges des ORW (description formelle de
leur activité).
Rôle des ORW
Les ORW sont les maîtres d’œuvre du programme HSH dans ses déclinaisons locales. En
amont, le rôle des ORW est d’assurer l’ancrage du programme dans le paysage institutionnel
propre aux régions dans lesquelles ils déploient leurs activités. Ceci passe par la constitution
d’un réseau relativement dense et diversifié, la recherche et la mise en oeuvre de collaborations
spécifiques et la mobilisation de ressources qui leur appartiennent en propre ou qui ont été
acquises de par leur statut d’ORW (formation, expériences professionnelles passées, audience,
participation à d’autres réseaux, accès à certains processus de décision). En aval, les ORW ont
pour mission de maintenir un contact étroit avec la population homosexuelle, quel que soit son
niveau d’intégration communautaire. Pour ce faire, les ORW doivent assurer une présence régulière
sur les différents settings qui composent le monde homosexuel et solliciter la coopération
d’acteurs intermédiaires qui, de fait, font également partie du public-cible. C’est notamment le
cas des gérants d’établissement. Dans le meilleur des cas, l’ORW ne travaille pas seul mais avec
l’aide de multiplicateurs recrutés dans son réseau et de volontaires généralement issus des structures
associatives.
Contextualisation et couverture
Selon la quatrième recommandation de l’évaluation susmentionnée : « La définition des tâches
prioritaires doit être contextualisée et différenciée selon les régions. Il faut veiller à la couverture
des scènes de drague, en particulier dans les régions qui ne disposent pas d’un réseau de lieux de
rencontre gays ». Implicitement, le contexte local détermine la capacité d’intervention des ORW
et oriente ses actions. Les caractéristiques personnelles de l’ORW, ses motivations et son engagement
sont des éléments fondamentaux dans la mise en œuvre des tâches qui lui sont imparties,
en particulier dans les régions à caractère rural, où les ORW ne peuvent s’appuyer sur des structures
communautaires existantes, mais doivent les susciter et les développer. L’exemple du Tessin
illustre parfaitement ce cas de figure.
La couverture des scènes de drague ne devrait en revanche pas se limiter aux régions qui ne disposent
pas d’un réseaux de lieu de rencontre gays. En effet, la plupart des centres urbains de ce
pays constituent des pôles d’attraction pour les HSH des régions périphériques, qui de fait fréquentent
les scènes de drague situées dans les agglomérations. Par exemple, les HSH du canton
de Neuchâtel fréquentent également les scènes de Lausanne et de Berne. Les limites territoriales
de nature administrative ne sont pas pertinentes dans ce cas de figure.
D’après la cinquième recommandation : « La redéfinition du rôle d’ORW comme chef de projet
local, là où il est porteur de l’action de prévention HSH ; et l’ancrage de ce rôle dans la structure
dans laquelle il est engagé, pourrait légitimer davantage son action et la rendre plus efficiente ».
Les observations confirment cet énoncé. L’affiliation des ORW au sein des antennes cantonales
de l’ASS tend à renforcer la légitimité des interventions et à faciliter leur mise en œuvre.
L’affiliation communautaire (association) présente d’autres avantages (proximité accrue avec le
public cible), mais dans ce cas la légitimité pourrait dépendre de la crédibilité dont bénéficie
l’association en question au sein de son environnement. Or, il va de soi que la présence d’un
ORW dans une association ne peut que renforcer cette crédibilité.
173