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La Gazette

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portant chandail et cravate, dans le fond près de la porte. Il<br />

adressa à Ragle un banal signe de tête.<br />

J’aurais dû enfiler ma veste, songeait ce dernier. Étant venu<br />

sans s’être changé, en manches de chemise, il se sentait mal à<br />

l’aise à présent.<br />

« <strong>La</strong> dernière fois, commença Mrs. Keitelbein en croisant les<br />

bras devant elle, quelqu’un avait soulevé le problème suivant :<br />

dans le cas d’une attaque surprise de grande envergure contre<br />

les États-Unis, il serait impossible d’intercepter tous les missiles<br />

ennemis. Ceci est tout à fait exact. Nous savons que nous ne<br />

pourrions pas abattre tous les missiles, qu’un certain<br />

pourcentage d’entre eux réussirait à passer. Cette vérité est<br />

terrible, mais nous devons l’affronter et agir en conséquence. »<br />

Comme une seule personne, hommes et femmes, reflets<br />

identiques, affichèrent une sombre expression.<br />

« Si la guerre devait éclater, poursuivit Mrs. Keitelbein, nous<br />

serions livrés dans le meilleur des cas à un immense désastre.<br />

Des dizaines de millions de morts et d’agonisants. Des villes<br />

pulvérisées, des retombées radioactives, des récoltes<br />

contaminées, le germe des générations futures<br />

irrémédiablement affecté. Dans le meilleur des cas, nous<br />

subirions un désastre d’une ampleur sans précédent dans le<br />

monde. En comparaison, les fonds prélevés par notre<br />

gouvernement pour la défense du pays, qui nous semblent<br />

beaucoup trop importants, ne seraient qu’une goutte d’eau dans<br />

l’océan. »<br />

Elle dit vrai, observa Ragle en lui-même. Tout en l’écoutant,<br />

il se mettait à imaginer la mort et la souffrance… les herbes<br />

folles de couleur sombre croissant dans les villes en ruines, les<br />

débris de métal rouillé et les ossements gisant éparpillés sur une<br />

plaine informe, une plaine de cendres. Nulle vie, nul bruit…<br />

Le sentiment du danger s’empara subitement de lui, proche,<br />

réel, oppressant. Sous le choc, il étouffa un cri et bondit sur sa<br />

chaise. Mrs. Keitelbein se tut ; toute l’assistance se tourna<br />

simultanément vers lui.<br />

Je suis en train de perdre mon temps. Un concours de<br />

journal ! Comment ai-je pu échapper à ce point à la réalité ?<br />

« Vous vous sentez mal ? s’enquit Mrs. Keitelbein.<br />

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