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CHAP. II. PRIMULA VERI-VULGARlS. 65
prit alors l'aspect de notre hybride. L'année suivante ses
caractères changèrent de nouveau, et elle produisit, outre
les ombelles ordinaires, quelques hampes uniflores pourvues
de fleurs plus petites et d'une couleur plus foncée que celles
de la primevère commune. D'après mes propres observations,
je ne puis mettre en doute que cette plante fût un
P vulgaris dans une condition profondément variable
presque égale à celle du fameux Citisus Adami. Ce P
veri-vulgaris présumé fut propagé par boutures que
Ton planta dans différentes parties du jardin, et si le professeur
Henslow avait pris par erreur des semences d'une
de ces plantes et que ce pied eût été spécialement croisé
par un P vulgaris, le résultat eût été parfaitement
compréhensible. Un autre cas est tout aussi difficile à
comprendre. Le docteur Herbert 1 obtint par les semences
d'un P veris rouge, cultivé depuis longtemps, des pieds
de P veris, de P, veri-vulgaris de différentes sortes,
et un P vulgaris. Ce cas, s'il est rapporté avec exactitude
(ce dont je doute), ne peut s'expliquer que par l'hypothèse
improbable que le P veris n'était pas de parenté
pure. Dans Tentre-croisement des diverses variétés, Tune
d'entre elles prend quelquefois une forte prépondérance
sur les autres, et on connaît des exemples 2 d'une variété
croisée par une autre et produisant une descendance qui,
dans certains de ses caractères, comme la couleur, la
pilosité, etc., se montre identique au père et complètement
dissemblable de la mère ; mais je ne connais aucun
exemple de produit d'un croisement rappelant, dans un
nombre considérable de caractères importants, la ressemblance
paternelle seule. Il est donc très peu probable
qu un P veris pur croisé par un P. vulgaris doive
jamais produire un P vulgaris d'apparence pure. Bien
1 Transact. Hort. Soc, vol. IV, p. 19.
2 J'ai donné de ce fait des exemples dans ma Variation des animaux
et des plantes sous l'influence de la domestication ch. xv, 2° éd., vol. II.