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CHAP. I. PRIMULA VERIS. 31
tement, doit s'unir avec un autre individu pour être complètement
fécond, et, en outre, il ne peut pas s'unir avec
cet autre individu de la même façon qu'une plante hermaphrodite
s'unit à toute autre de la même espèce, ou qu'un
limaçon ou un ver de terre petit s'unir à un autre individu
androgyne. Au contraire, une individualité appartenant
à une forme de Primevère, pour être complètement
féconde, devra s'unir à une autre individualité d'une forme
différente, absolument comme un quadrupède mâle ne peut
et ne doit s'unir qu'à une femelle.
J'ai parlé des unions légitimés comme étant complètement
fécondes, et mon affirmation se trouve justifiée par ce
fait que les fleurs artificiellement fécondées de cette manière
donnent beaucoup plus de graines que les plantes
naturellement fécondées et vivant à l'état sauvage. La différence
peut être attribuée à ce que les plantes ont vécu
séparément dans une bonne terre. Pour ce qui touche aux
unions illégitimes, nous apprécierons mieux le degré d'amoindrissement
de leur fécondité par les faits suivants.
Gartner estimait la stérilité des unions entre espèces
distinctes 1 d'une manière qui permet une comparaison
rapprochée 'avec les résultats des unions légitimes et illégitimes
des Primula. Dans P. veris, pour chaque centaine
de semences que donnèrent les deux unions légitimes,
64 seulement, extraites d'un égal nombre de bonnes capsules,
provinrent des deux unions illégitimes. Dans P. Sinensis,
comme nous le verrons par la suite, la proportion
fut à peu près la même, c'est-à-dire comme 100
est à 62. De plus, Gartner a calculé que le Verbascum
lychnitis, donnant 100 semences avec son propre pollen,
produisait après fécondation par le V phœniceum
90 graines, 63 sous l'influence du pollen de V nigrum,
et 62 après l'action de celui de V blattaria. De même,
Versuche ûber die Bastarderzeugung (Recherches sur la formation
des hybrides), 1849, p. 216.