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CHAP. Y DESCENDANCE ILLÉGITIME. 247
cette infécondité fut plus accentuée qu'on aurait dû l'attendre,
eu égard à la difficulté d'effectuer l'union des éléments
sexuels dans les parents. Aucun point n'est plus
digne de remarque, dans le croisement des espèces, que
leur inégale action réciproque. Ainsi, l'espèce A sera très
facilement fécondée par B, mais B ne sera point fécondée
par A après cent essais. Nous rencontrons le même cas exactement
dans les unions illégitimes, car le L. salicaria mésostylé
fut aisément fécondé par le pollen des plus longues
étamines de la forme brachystylée, et donna beaucoup de
semences, tandis que cette dernière forme ne produisit pas
une seule graine après imprégnation par le pollen des plus
longues étamines de la forme mésostylée.
Un autre point a une très haute importance. Gartner
a montré qu'une espèce ayant été fécondée par le pollen
d'une autre espèce, si ensuite elle est influencée par son
propre pollen ou par celui de la même espèce, ce dernier
est si prépondérant sur le pollen étranger que ses effets
annihilent ceux de l'espèce différente, même quand celui-ci
a été placé sur le stigmate quelque temps avant. Le même
fait exactement se présente dans les deux formes d'une
espèce hétérostylée. Ainsi, plusieurs fleurs dolichostylées
de P, veris furent fécondées, d'abord illégitimement
par le pollen d'une autre plante de la même forme, puis,
vingt-quatre heures après, légitimement parle pollen d'un
Polyanthus brachystylé d'un rouge accentué, qui n'est
qu'une variété du P veris, et le résultat fut que chacun
des 30 semis ainsi obtenus donnèrent des fleurs plus ou
moins rouges, montrant nettement quelle prépondérance
le pollen légitime d'une plante brachystylée avait sur le
pollen illégitime d'un sujet dolichostylé.
Dans tous les points que nous venons de passer en revue,
un parallélisme remarquablement étroit existe entre les
effets des fécondations illégitime et hybride. Aussi pourraiton
difficilement considérer comme une exagération cette as-