table des matières

268 PLANTES HÉTÉROSTYLÉES. CHAP. VI.
de même dans Oxalis acetosella et plusieurs autres
plantes. J'ai aussi noté une différence extraordinaire dans
la longueur du pistil des variétés cultivées de Primula
veris et vulgaris.
Comme le plus grand nombre des plantes subissent occasionnellement
le croisement par l'action des insectes,
nous pouvons assurer que c'est ce qui a dû se produire
pour nos plantes supposées en état de variation, en ajoutant
qu'il eût été préférable pour elles d'être plus régulièrement
croisées. Nous ne devons pas perdre de vue les
importants avantages, quoique différents comme degrés et
moyens, que le croisement assure à plusieurs plantes. Il
peut se faire que notre espèce supposée ne varia pas fonctionnellement
à la manière ordinaire, de façon à devenir ou
dichogame ou complètement autostérile, ou d'une structure
capable d'assurer la fécondation croisée. Si la variation
s'était produite dans cette direction, la plante ne serait jamais
devenue hétérostylée, parce que cet état eût été alors
superflu. Mais les espèces génératrices de nos plantes
vivantes hétérostylées peuvent avoir été et ont été probablement
(si j'en juge par leur constitution présente)
douées d'un certain degré d'autostérilité, et, par ce fait, la
fécondation croisée intervenant régulièrement eût été encore
plus désirable.
Prenons maintenant une espèce hautement variable
pourvue du plus grand nombre de ses anthères ou de tous
ses organes mâles exserts dans certains individus, et placés
dans d'autres au bas de la corolle, ayant en outre un stigmate
présentant des variations de position parallèles. Les
insectes qui visiteraient ces fleurs devraient avoir différentes
parties de leur corps saupoudrées de pollen, et ce
serait pur hasard si ce dernier était abandonné sûr le
stigmate de la fleur voisine de Celle qui est visitée. Si
toutes les anthères avaient été placées au même niveau
dans toutes les plantes, le pollen abondant aurait forcé-