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CHAP. VI. REMARQUES CONCLUSIVES. 267
tiennent Tun et l'autre à la même forme, ils ne donneront
point naissance à la quantité voulue de semis vigoureux et
féconds, et, de plus, ceux-ci auront une forte tendance à
appartenir comme leurs parents à la même forme. D'un
autre côté, si deux plants de la même espèce trimorphe
croissent dans un lieu isolé, ils ont deux chances contre
une de ne pas appartenir à la même forme , et alors ils
se féconderont légitimement l'un l'autre : dans ces conditions
ils donneront la totalité de leur descendance et elle
sera vigoureuse.
Moyens par lesquels les plantes peuvent être
devenues hétérostylées.
C'est là un sujet très obscur , sur lequel je jetterai peu
de lumière, mais qui mérite cependant d'être discuté. J'ai
montré que des plantes hétérostylées se rencontrent dans
quatorze familles naturelles dispersées au milieu de l'ensemble
du règne végétal, et que la famille des Rubiacées en
possède dans huit de ses tribus. Nous pouvons en conclure
que cette structure a été acquise, dans plusieurs plantes,
en dehors de l'hérédité, et qu elle peut être obtenue sans
grande difficulté, c'est-à-dire sans l'aide d'un concours extraordinaire
de circonstances.
Il est probable que les premiers pas, pour une espèce
marchant vers l'état hétérostylé, sont marqués par une
grande variabilité dans la longueur du pistil et des étamines,
ou même du pistil seul. De semblables variations
ne sont pas très rares : dans Amsickia spectabilis et
Nolana prostrata, ces organes présentent dans divers
individus des différences telles, que, jusqu'après mes expériences,
j'admettais l'état hétérostylé des deux espèces.
Le stigmate de Gesneria pendidina est tantôt, fortement
saillant, et tantôt placé au-dessous des anthères; il en est