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PRÉFACE. xvu
bas. Au lieu d'admirer les procédés employés pour rapprocher
les sexes, on pèsera la somme d'efforts prodigieux, de
combinaisons inimaginables, de ruses merveilleuses mises
en jeu pour lutter précisément contre les dangers de ce
rapprochement, et produire le croisement là où tout semblait
contraire. La nature, enfin, se montrera sous l'aspect
inattendu d'une conscience s'épuisant en efforts généreux
pour remédier aux conséquences d'un fait qui pouvait
compromettre l'ordre actuel. De même qu'un regret, un
mot, un acte suffit souvent pour effacer bien des fautes,
bien des erreurs, et qu'on voit les individus ou les peuples
relever en un jour des ruines accumulées, il y a dans les
modes de la fécondation directe ou croisée des vertus et
des puissances étranges, toutes en faveur du maintien de
l'espèce. Ch. Darwin lui-même nous fait toucher du doigt
ces faits surprenants. Voilà des plantes, digitale pourprée,
violette tricolore, etc., qui ont été naturellement croisées
pendant plusieurs générations et qui en ont tiré des modifications
considérables. S'il fallait un nombre égal d'autofécondations
pour les ramener au point de départ, qui sait
si cela serait possible et si le bénéfice acquis ne serait pas
conservé ? Eh bien ! cela n'a pas lieu : un seul acte d'autofécondation
fait tout rentrer dans l'ordre. La décadence
causée par l'autofécondation prolongée ne semble pas marcher
aussi vite que le progrès réalisé par le croisement ;
mais ici encore un seul acte de croisement a la vertu d'effacer
et de réparer de nombreuses années d'autoféconda­
tion. Que de forces cachées la nature ne doit-elle pas
employer ailleurs, toujours dans le même but de conservation,
pour remédier aux croisements perpétuels des
plantes dioïques, ou bien aux auto fécondations continues
des fleurs cléistogames !
Nous avons dit plus haut que le livre en tête duquel