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CHAP. IV LYTHRUM SALICARIA. 143
tous aussi distincts les uns des autres que s'ils appartenaient
à des espèces différentes ; et, si Ton prend en considération
des dissemblances fonctionnelles plus légères, on
peut dire qu'il existe cinq séries distinctes de mâles. Deux
formes hermaphrodites sur trois doivent coexister, et il
faut que le pollen soit transporté réciproquement par les
insectes d'une forme à l'autre pour que l'une ou l'autre
des deux formes soit complètement fertile : mais, à moins
que les trois formes coexistent, deux séries d'étamines seront
inutiles, et, au total, l'organisation de l'espèce sera incomplète.
D'autre part, lorsque les trois hermaphrodites
coexistent et que le pollen est transporté d'une forme à
l'autre, le système est parfait, il n'y a aucune perte de
pollen et aucune fausse adaptation. En résumé, la nature
a ordonné un arrangement très complexe, c'est-à-dire une
triple union entre trois hermaphrodites, chaque hermaphrodite
étant complètement distinct des deux autres par
son organe femelle, partiellement distinct par ses organes
mâles, et enfin pourvu de deux séries d'étamines.
Les trois formes peuvent être convenablement désignées
d'après les longueurs inégales de leurs pistils sous les qualificatifs
de : dolichostylées,'mésostylées, brachystylées.
Les étamines étant aussi de longueur inégale, elles pourront
être nommées longues, moyennes et courtes. On
trouve deux séries d'étamines de différentes longueurs
dans chaque forme. L'existence des trois formes fut d'abord
observée par Vaucher ! et plus tard, avec plus de soin, par
Wirtgen 2 , mais ces deux botanistes, faute d'être guidés
par une idée théorique ou de soupçonner les différences
fonctionnelles de ces formes florales, laissèrent, sans les
observer, les dissemblances les plus curieuses dans leur
1 Hist.phys. des Plantes d'Europe, tome II, 1841, p. 371.
2 Wirtgen, Ueber Lytrum salicaria fund dessen Formen (sur le
Lythrum salicaria et ses formes). Verhand. des naturhist. Vereins fur
preuss. Rheinl. 5. Jahrgang, 1848, p. 7.