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346 FLEURS CLÉISTOGAMES. CHAP. VIII.
tendent à prévenir la fécondation des fleurs parfaites. Je
ne doute pas que ce soit là une raison vraie dans une certaine
mesure, mais la production d'une large provision de
semences, sans grande consommation de matière nutritive,
ou sans dépense exagérée de force vitale, est probablement
une cause beaucoup plus efficace. L'ensemble de la fleur est
très réduit dans ses dimensions ; mais, et ceci est plus important,
une très petite quantité de pollen y est formée sans
qu'aucun grain soit perdu par l'action des insectes ou des
éléments cosmiques : or le pollen, on lésait, contient beaucoup
d'azote et de phosphore. De Mohl estimait qu'une
seule loge anthérique cléistogame contient dans Oxalis
acetosella une à deux douzaines de grains polliniques,
admettons 20 en chiffres ronds, et nous aurons alors pour
la fleur entière au plus 400 grains; dans Impatiens le
nombre total peut être estimé de la même manière à 250 ;
dans Leersia à 210, et dans Viola nana à 100 seulement.
Ces chiffres paraîtront extrêmement peu élevés si on les
compare aux 243,600 grains polliniques produits par une
fleur de Leontodon, aux 4,863 d'un Hibiscus ou aux
3,654,000 d'une Pivoine l
Que la production d'un grand nombre de semences soit
nécessaire ou seulement avantageuse à beaucoup de plantes,
c'est là une assertion qui se passe de preuves. Il en est
de même, sans doute, de leur préservation avant quelles
soient prêtes pour la germination, et c'est une des nombreuses
particularités remarquables des plantes à fleurs
cléistogames que, une proportion incomparablement plus
grande d'entre elles que d'entre les plantes ordinaires,
mûrissent leurs jeunes ovaires en terre, phénomène qui
doit être considéré comme servant à protéger les graines
1 Les preuves sur lesquelles reposent ces assertions sont données dans
mes Effects of Cross and Self-Fertilisation ( Les Effets de la fécondation
croisée et directe dans le règne végétal, traduction française
E. Heckel, p. 384).