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126 PLANTES HÉTÉROSTYLÉES DIMORPHES. CHAP. III.
degré, il ne pourra être compris que lorsque des expériences auront
été faites sur des plantes vivantes. La longueur plus grande
du stigmate, et son état plus papilleux dans les fleurs brachystylées
que dans les dolichostylées, paraît convenir à une plante
hétérostylée, car nous savons que dans quelques espèces, par
exemple Leucosmia et certaines Rubiacées, le stigmate est plus
long et plus papilleux dans la forme brachystylée, bien que
l'inverse se produise dans Gilia, qui est un membre de la même
famille que les Phlox. La position similaire des anthères dans
les deux formes est contraire à l'état hétérostylé de l'espèce
qui nous occupe, tout aussi bien que la grande différence dans
la longueur du pistil de plusieurs fleurs brachystylées. Mais
l'extraordinaire variabilité en diamètre des grains polliniques
et ce fait que, dans une série de fleurs, les grains de la forme
dolichostylée furent plus grands que ceux de la forme opposée,
s'opposent fortement à faire admettre l'état hétérostylé de Phlox
subulata. Il est possible que cette espèce ait été autrefois
hétérostylée, mais elle passe aujourd'hui à l'état subdioïque,
les, formes brachystylées y étant devenues d'une nature plus
féminine. On est conduit à cette manière de voir par ce fait que
leurs ovaires contiennent ordinairement plus d'ovules et que la
condition des grains polliniques est invariable. Je ne saurais affirmer
que les plantes dolichostylées changent actuellement de
nature (cela paraît cependant résulter de la variabilité de leurs
grains polliniques) pour devenir mâles ; elles peuvent rester
hermaphrodites, car la coexistence des plantes hermaphrodites
et des femelles dans la même espèce n'est pas rare du tout.
ERYTHROXYLUM [SP. ?] (ERYTHROXYLÉES).
Fritz Miiller m'envoya du Brésil méridional des fleurs sèches
de cet arbre accompagnées de dessins montrant les deux
formes amplifiées cinq fois environ et privées de leurs pétales.
Dans la forme dolichostylée, les stigmates s'élèvent au-dessus
des anthères et les styles sont à peu près deux fois aussi longs
que dans la forme brachystylée où les stigmates sont placés
au-dessous des anthères. Dans plusieurs fleurs brachystylées,
mais non dans toutes, les stigmates sont plus grands que dans
la forme opposée. Les anthères des fleurs brachystylées se tiennent
au même niveau que les stigmates de la forme opposée,
mais les étamines n'ont guère qu'un quart ou un cinquième de
leur longueur en plus que celles des dolichostylées. Conséquemment,
les anthères de cette dernière forme n'arrivent pas
au niveau, mais bien au-dessus des stigmates de l'autre forme.
Contrairement à ce qui se produit dans le genre très voisin,
Sethia, dont nous allons nous occuper, les étamines sont à peu
près d'une longueur égale dans les fleurs de la même forme.