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CHAP. VI. REMARQUES CONCLUSIVES. 279
moins d'admettre qu'originellement la forme génératrice du
plus grand nombre des espèces hétérostylées possédait un
pistil dépassant de beaucoup la longueur de ses propres
étamines 1 J'ajouterai seulement qu'à l'état sauvage une
seule plante d'une espèce trimorphe produisit, sans doute
possible, les trois formes, et ce fait peut s'expliquer, suivant
l'hypothèse de Hildebrand, par la croyance à la
fécondation opérée séparément dans chaque fleur par chacune
des deux formes, ou par l'apposition du pollen propre
aux deux autres formes sur le stigmate de la même fleur,
grâce à l'action des insectes.
Variétés isostylées. — La tendance des espèces dimorphes
de Primula à produire des variétés isostylées mérite
attention. Des cas de ce genre ont été observés, comme nous
l'avons montré dans le dernier chapitre, dans six espèces
au moins, c'est-à-dire P. veris, vulgaris, Sinensis, auricula,
farinosa et elatior. Dans le cas de P. veris,
les étamines rappellent dans leur longueur, dans leur position
et dans les dimensions des grains polliniques, les
étamines brachystylées , tandis que le pistil ressemblé à
celui de la forme dolichostylée ; mais comme il varie beaucoup
en longueur, cette dimension propre à la forme brachystylée
paraît avoir simultanément pris de l'extension et
emprunté les fonctions d'un pistil dolichostylé. En conséquence,
les fleurs sont capables d'autofécondation spontanée
d'une nature légitime, et peuvent donner tout leur tribut
de graines, ou même un chiffre supérieur à celui que donnent
les fleurs ordinaires légitimement fécondées. D'autre
part, dans P Sinensis, les étamines rappellent, à tous
' On peut supposer que ce fut le cas dans Primula , si j'en juge par
la longueur du pistil de plusieurs espèces voisines (voir John Scott
Journal of Linn. Soc. Bot., vol. VIII, 1864, p. 75). M. Breitenbach a
trouvé plusieurs spécimens de Primula elatior vivant à l'état sauvage
et pourvus, sur le même pied, de fleurs dolichostylées, de brachystylées
et d'isostylées; la forme à long style avait une forte prépondérance
numérique. On en comptait 61 de cette forme, 9 brachystylées et 15
isostylées.