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CHAP. VII. PLANTES POLYGAMES DIOÏQUES. 285
mines seules viennent à avorter, il restera des femelles et
des hermaphrodites, fait dont nous avons beaucoup d'exemples;
puis, si les organes femelles de fleurs hermaphrodites
viennent à avorter à leur tour, il en résultera la formation
de plantes dioïques. Inversement, si nous imaginons
que les organes femelles seuls avortent dans quelques individus,
nous aurons des mâles et des hermaphrodites,
puis ces derniers pourront être ensuite convertis en femelles.
Dans d'autres cas, dans le frêne commun que je cite
dans l'introduction, par exemple, les étamines sont rudimentaires
chez quelques individus, le pistil l'est dans
d'autres, d'autres enfin restent hermaphrodites. Ici, la modification
des deux séries d'organes paraît s'être p oduite
simultanément, autant que nous pouvons en juger d'après
leur état d'avortement égal. Si les sujets hermaphrodites
étaient supplantés par les individus à sexes séparés, et si
ces derniers devenaient égaux en nombre, une espèce strictement
dioïque aurait pris naissance.
On rencontre beaucoup de difficulté à expliquer comment
des plantes hermaphrodites peuvent être devenues
dioïques. Une pareille conversion ne se serait pas produite
avant le moment où Le pollen put être transporté régulièrement
par les insectes ou par le vent d'un individu à
l'autre, car, autrement, chaque pied fût devenu stérile du
moment où il eût été frappé de dioïcité. Puisque nous
sommes autorisés à affirmer que la fécondation croisée fut
assurée avant qu'une plante hermaphrodite pût être changée
en dioïque, nous pouvons en conclure que la conversion n'a
pas eu pour but d'obtenir les grands bénéfices qui résultent
du croisement. Nous pouvons, cependant, voir que, si
une espèce avait été assujettie à des conditions défavorables
résultant soit d'une compétition rigoureuse avec d'autres
plantes, soit de toute autre cause, la production des
éléments mâles et femelles et la maturation des ovules