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136 PLANTES HÉTÉROSTYLÉES DIMORPHES. CHAP. III.
le pollen puisse être enlevé par le frottement des insectes
et transporté aux stigmates de l'autre forme. Dans les
fleurs dolichostylées, les anthères des cinq étamines incluses
ne tournent point sur leurs axes, mais elles ont
une déhiscence introrse comme c'est la règle dans les
Rubiacées, et c'est là la meilleure disposition pour assurer
l'adhérence des grains polliniques à la trompe des insectes
qui pénètrent dans la fleur. Fritz Miiller en déduit donc
que, pendant le passage de cette plante à l'état hétérostylé,
et alors que les étamines de la forme brachystylée
augmentaient de longueur, graduellement elles acquerraient
le pouvoir très important d'évoluer sur leurs propres
axes. Mais le même auteur a montré plus tard, à la suite d'un
examen attentif de plusieurs fleurs, que cette faculté n'a
point été encore perfectionnée et qu'une certaine quantité
de pollen reste sans usage : c'est celui des anthères dont la
rotation n'est pas convenable. Ceci montre que le développement
de cette plante n'est pas encore complet-: les étamines
ont, il est vrai» acquis leur longueur propre, mais
non leur parfait et entier pouvoir de rotation V
Les nombreuses différences de structure qui existent
entre les deux formes de Faramea sont très remarquables.
Jusqu'à une période récente, si quelqu'un avait montré deux
plantes différant d'une manière uniforme dans la longueur
de leurs étamines et de leurs pistils, dans la forme de leurs
stigmates, dans les dimensions et le mode de déhiscence des
anthères, et, à un degré extraordinaire, dans le diamètre
et la structure des grains polliniques, on eût déclaré impos-
1 Fritz Mûller donne un autre exemple du manque absolu de protection
dans les fleurs d'un autre Rubiacée, le Posoqueria fragrans, qui est
adapté de la manière la plus remarquable pour la fécondation croisée réalisée
par les papillons (voir Bot. Zeit., 1866, n° 17). En concordance
avec les habitudes nocturnes de ces insectes, le plus grand nombre des
fleurs s'épanouissent seulement pendant la nuit; mais plusieurs s'ouvrent
pendant le jour et alors le pollen est enlevé, comme Fritz Mûller l'a
souvent constaté, par des bourdons et d'autres insectes, sans aucun bénéfice
pour la plante.