table des matières

170 PLANTES HÉTÉROSTYLÉES TRIMORPHES. CHAP. IV.
le stigmate dans l'espace de dix-huit heures. D'abord, je
pensai que deux espèces de pollen placées ensemble sur le
même stigmate auraient peut-être donné plus-de graines
qu une seule, mais nous avons vu que ce n'est pas ce qui se
produit avec les deux espèces de pollen de chaque forme, et
il est probable que cela ne se passe dans aucun cas, puisque
je pus obtenir, par l'emploi d'une seule espèce de pollen,
autant de graines qu une capsule naturellement fécondée
peut en fournir. Du reste, le pollen d'une seule anthère est
bien plus que suffisant pour féconder complètement un
stigmate : dans cette plante, comme dans le plus grand
nombre des autres, la nature produit plus de dix fois
autant de pollen qu'il en faut pour la fécondation de
chaque forme. D'après la manière dont le corps des abeilles
capturées était saupoudré, il est probable que du pollen
des diverses formes est souvent déposé sur l'ensemble des
trois stigmates ; mais, d'après les faits déjà exposés pour
ce qui concerne les deux formes de Primula, on peut difficilement
mettre en doute que le pollen des étamines de
longueur correspondante placé sur le stigmate doit avoir
la prépondérance sur toute autre espèce de pollen dont
il annihile les effets, même lorsque ce dernier a été placé
sur l'organe femelle quelques heures avant.
Enfin, il est maintenant démontré que Lythrum salicaria,
est un exemple de ce fait extraordinaire consistant
dans la présence, en une même espèce, de trois femelles
différant et comme structure et comme fonction, et de trois
ou même de cinq séries de mâles (si on tient compte des
différences plus petites) ; chaque série renferme six étamines
qui offrent également des différences fonctionnelles
et structurales.
Lythrum Grœfferi. — J'ai examiné de nombreuses fleurs
desséchées de cette espèce, prises chacune sur des plantes différentes
qui me furent envoyées de Kew. Comme L. salicaria,
ce végétal est trimorphe, et les trois formes paraissent répan-