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CHAP. III. LINUM GRANDIFLORUM. 91
par le pollen de leur propre forme, et elle ne donna aucune
graine. Ce fait confirme mes soupçons au sujet des capsules
produites par les dix-sept plantes brachystylées précédentes
et que je considère comme le produit d'une fécondation
légitime accidentelle. D'autres fleurs de la même
plante ayant été fécondées par Hildebrand avec le pollen
de la forme brachystylée portèrent toutes des fruits 1
L'absolue stérilité (j'en juge d'après mes expériences
de 1861) des plants dolichostylés sous l'influence du pollen
de leur propre forme, me conduisit à en examiner de près
la cause apparente, et les résultats de ces recherches sont
si curieux qu'ils méritent d'être donnés en détail. Les expériences
furent pratiquées sur des plantes végétant en pots
qui purent être portées tour à tour en plein air et dans la
maison.
1° Du pollen d'une plante brachystylée fut placé sur
les stigmates d'une fleur à long style et ces derniers,
trente heures après, furent profondément pénétrés par une
multitude de tubes polliniques trop nombreux pour être
comptés; les stigmates devinrent également décolorés et
enroulés. Je répétai cette expérience sur une autre fleur
et, dix-huit heures après, les stigmates furent sillonés
par une quantité de longs tubes polliniques. Ce résultat
devait être attendu, puisque l'union était légitime. L'expérience
inverse fut également pratiquée et le pollen d'une
fleur dolichostylée fut placé sur les stigmates d'une fleur
brachystylée; vingt-quatre heures après, les organes femelles
étaient décolorés, enroulés et pénétrés par de
nombreux tubes polliniques : ce résultat devait encore
être attendu, puisque l'union était légitime.
2° Du pollen d'une fleur dolichostylée fut placé sur les
cinq stigmates d'une fleur à long style appartenant à un
pied différent : dix-neuf heures après, la dissection des
1 Bot. Zeitung, 1" janvier 1864, p. 2.