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CHAP. VII. DIOÏQUES. 295
ces derniers arbrisseaux sont femelles. Sur la même plante,
toutes les fleurs présentent la même structure. La corolle
dans les fleurs femelles est plus petite que dans les arbrisseaux
porteurs de pollen. Les deux formes sont indiquées
dans la figure 12.
Tout d'abord, je ne doutai pas que cette espèce existât
sous les deux formes hermaphrodite et femelle, mais nous
allons voir bientôt que quelques-uns des abrisseaux qui
paraissent être doués des deux sexes ne fructifient jamais
et que ceux-là sont mâles en réalité. Cette espèce est donc
polygame dans le sens que j'attache à ce terme, et de plus
trioïque 1 Les fleurs sont fréquentées par plusieurs Diptères
et par quelques petits Hyménoptères qui y recherchent
le nectar sécrété par le disque, mais je n'ai jamais
surpris une seule abeille sur le fait : néanmoins les autres
insectes suffisent à féconder utilement les arbrisseaux femelles,
même lorsqu'ils sont éloignés de 27 mètres de tout
sujet pollinifère.
Les petites anthères portées par les courtes étamines des
fleurs femelles sont bien formées et s'ouvrent convenablement,
mais je ne pus jamais trouver dans leurs loges un
seul grain de pollen. Il y a quelque difficulté à comparer
la longueur des pistils dans les deux formes, parce qu'à ce
1 M. Wilhelm Breitenbach (Botanische Zeitung, 15 mars 1878) vient
de décrire, sous le titre de Ueber Asparagus offlcinalis eine triôcische
Pflanze, dans l'asperge commune, un état trioïque, non pas comparable
à celui du fusain, mais qui doit être rapproché de ce que l'on connaît
dans le frêne (Fraxinus excelsior). Les trois formes florales, mâle,
femelle et hermaphrodite, se trouvent sur des pieds séparés, et les sujets
hermaphrodites présentent toutes les gradations qui forment le passage
à l'état mâle, sans que les mêmes transitions devant conduire graduellement
aux femelles aient pu être observées par l'auteur. En raison de -
cette constitution spéciale et unique jusqu'ici parmi les Phanérogames,
cette manière d'être offre, à notre avis, le plus grand intérêt : tout
semble faire admettre que les deux états mâle et femelle dérivant des
hermaphrodites, le premier a été obtenu tout d'abord par un changement
déjà très ancien, tandis que le second est en voie d'être atteint
dans la période actuelle, puisque nous. assistons à la disparition graduelle
de l'ovaire. Le premier a donc été incontestablement acquis à une
époque beaucoup plus reculée que le second. (Traducteur.)