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PRÉFACE. xxvn
adaptations bien plus surprenantes nous sont révélées par
Ch. Darwin, celle de l'insecte à la plante, et celle de la
plante à l'insecte.
Ici ce n'est plus l'appropriation d'un organe à une fonc­
tion, celle d'un organe à un autre organe, ni, chez les
plantes anémophiles, celles d'un organe à un agent physique
; c'est l'adaptation de l'un à l'autre, en vue d'un résultat
à atteindre, de deux êtres totalement étrangers.
C'est l'adaptation de deux règnes, et dans de telles conditions,
qu'il semble difficile de ne pas reconnaître qu'une
cause extérieure, capable de saisir les rapports de ces êtres,
en a fait les facteurs harmonieux et nécessaires d'un acte
physiologique important qui n'intéresse que l'un d'eux,
le moins libre. Si cet acte physiologique doit entièrement
tourner au profit de la plante, la nature n'en a cependant
pas totalement désintéressé l'insecte. Elle s'est assuré la
coopération de ce générateur d'occasion en la liant à un
plaisir et à la satisfaction d'un besoin. Ce plaisir et cette
satisfaction attirent cet inconscient procréateur comme les
voluptés qui, dans son règne, sont attachées à la fonction
de génération : c'est aux sources du nectar qu'il reçoit sa
rémunération.
Ch. Darwin insiste sur ces adaptations : « Les abeilles,
dit-il, ne sont pas seulement des agents généraux de transport,
ce sont des agents spéciaux bien appropriés à ce
but. » Il est difficile d'affirmer plus clairement une finalité
d'ailleurs incontestable. Le croisement dans la fécondation
était un besoin pour la plante ; ce besoin n'a cependant
eu dans l'espèce aucune influence sur la structure de l'agent.
On comprend que la plante, ayant besoin du soleil
au moment de l'anthèse, redresse sa fleur penchée, comme
cela se voit dans les pavots ; mais ici un abîme infranchissable
sépare la fonction de l'organe.