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CHAP. III. PULMONARIA ANGUSTIFOLIA. 115
deux tiers du nombre des graines qu'elles donnent après
fécondation légitime. La stérilité des fleurs dolichostylées
illégitimement fécondées est probablement augmentée par
l'état de détérioration de leur pollen; néanmoins, ce pollen
devient très efficace après avoir été appliqué sur les stigmates
des fleurs brachystylées. Dans plusieurs espèces de
Primula, les fleurs brachystylées sont beaucoup plus stériles
que les dolichostylées quand elles sont les unes et les
autres illégitimement fécondées, et c'est une séduisante
manière de voir, comme je l'ai fait remarquer déjà, que de
considérer cette plus grande stérilité des fleurs brachystylées
comme une adaptation spéciale pour éloigner l'autofécondation,
car leurs stigmates sont éminemment disposés
à recevoir leur propre pollen. Cette manière de voir
est encore plus attrayante dans le cas de la forme dolichostylée
du L. grandiflorum. D'autre part, dans le
Pulmonaria angustifolia, il est évident que la corolle
étant projetée obliquement vers le haut, le pollen est
beaucoup mieux disposé à tomber sur le stigmate ou à être
transporté par les insectes au-dessous de cet organe, dans
les fleurs brachystylées, que dans les formes opposées, et
cependant les brachystylées, au lieu d'être plus stériles
(ce qui serait une protection contre l'autofécondation), sont
beaucoup plus fécondes que les dolichostylées, lorsque les
deux formes sont illégitimement fécondées. Pulmonaria
azurea, d'après Hildebrand, n'est point hétérostylé 1
Après un examen des fleurs desséchées ftAmsinckia spectabilis,
que m'envoya le professeur Asa Gray, je pensai d'abord
que cette plante, qui appartient à la famille des Borraginées,
est hétérostylée. Le pistil varie en longueur d'une manière
extraordinaire : dans certains spécimens il est deux fois aussi
long que dans les autres, et le point d'insertion des étamines
varie de la môme manière. Mais, après avoir obtenu plusieurs
plants de graines, j'arrivai bientôt à cette conviction, que l'en-
1 Die Geschlechter-Vertheilung bei denPflanzen (la Séparation des
sexes dans les plantes), 1867, p. 37.