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CHAP. III. B0RRERIA. 133
gueur des pistils dans les deux formes, il est remarquable
de voir les grains polliniques différer très peu comme
dimensions, et Fritz Millier fut frappé du même fait. A
l'état sec, les grains des fleurs brachystylées se montrèrent
à peine un peu plus grands que ceux des dolichostylées,
et, après gonflement par immersion dans Teau,
les premiers furent aux derniers, en diamètre, comme
100 est à 92. Dans les fleurs dolichostylées, des poils en
chapelet remplissent presque la gorge de la corolle et s'élèvent
au-dessus d'elle : ils sont donc placés au-dessus des
anthères et au-dessous du stigmate. Dans les fleurs brachystylées
un semblable pinceau de poils est situé dans le
tube de la corolle, au-dessus du stigmate et au-dessous des
anthères. La présence de ces poils, bien qu'occupant dans
les deux formes des positions bien différentes, indique la
probabilité d'une importance fonctionnelle considérable. Ils
doivent servir à préserver le stigmate de chaque forme
contre son propre pollen, mais, d'après les vues du professeur
Kerner 1 . leur principal usage est probablement d'empêcher
l'abondant nectar d'être ravi par les petits insectes
qui ne rendraient à la fleur aucun service pour le transport
du pollen d'une forme à l'autre.
Les fleurs sont si petites et si entassées que je ne pus
songer à employer le temps nécessaire à leur fécondation
séparée, mais je frottai, à plusieurs reprises, des inflorescences
brachystylées contre trois têtes florales dolichostylées
qui se trouvèrent ainsi légitimement fécondées :
elles produisirent plusieurs douzaines de fruits dont chacun
contenait deux bonnes graines. Je saupoudrai de même trois
têtes dolichostylées avec le pollen d'une autre plante brachystylée,
de façon à les féconder illégitimement : elles ne
donnèrent pas une seule graine. La même plante, après
avoir été protégée par une gaze, ne donna non plus spon-
1 Die Schutzmiltel der Blùthen gegen unberufene Gàste, 1876
p. 37.