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PRÉFACE. XXXIII
ont accru leurs dimensions dans ce but spécial. » Qui n'a
lu cette plaintive élégie de la fleur et du papillon, commençant
par ces mots :
La pauvre fleur disait au papillon céleste :
Ne fuis pas ;
Vois comme nos destins sont différents : je reste,
Tu t'en vas.
Qui pourrait être surpris maintenant qu un grand poète ait
ainsi fait parler la fleur, quand un grand naturaliste nous
montre la plante arborant sur l'or pur de son front un
blanc signal, pour que l'insecte la reconnaisse de plus
loin ? Ailleurs, à propos du mode d'union des fleurs hétérostylées
et de la stérilité du plus grand nombre, Darwin
reconnaît « que cette stérilité n'a pas été spécialement
acquise, mais résulte de ce que les éléments sexuels de
deux ou trois formes ont été adaptés pour réagir l'un sur
l'autre d'une manière particulière, de sorte que tout autre
genre d'union reste inefficace, comme celle qui s'opère
entre les espèces distinctes. » Ici la nature ne s'y est pas
prise à deux fois comme pour les fleurs cléistogames ; elle
a vu du premier coup ce qui était utile, et l'a réalisé en
vue d'un résultat précis.
Faut-il s'étonner que dans ce dernier ouvrage l'auteur
du livre célèbre sur l'origine et la transformation des
espèces, ait insisté plus qu'il ne l'avait fait jusqu'alors,
non seulement sur l'appropriation des moyens au but,
mais principalement sur l'influence qu'exerce la fin ellemême
sur l'ensemble des moyens ? Nous ne le pensons pas.
Sous une neutralité apparente, se révèle assurément une
préoccupation plus accusée de ce que Kant nommait « la
prédétermination des parties par l'idée du tout», et Claude
Bernard « l'idée directrice de la force évolutive de l'être » :
ces nouvelles tendances ne nous semblent pas incompati-