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CHAP. I. PRIMULA VERIS. 33
un certain degré d'une constitution plus faible, comme
nous le verrons dans un prochain chapitre. Si, cependant,
le pollen propre à une fleur doit d'abord être apporté par
les insectes, ou tomber sur le stigmate, il ne s'ensuit en
aucune façon que la fécondation croisée soit ainsi prévenue.
Il est, en effet, bien connu que si du pollen pris sur
une espèce distincte est appliqué contre le stigmate d'une
plante, et que, quelques heures après, on place sur le
même organe le pollen propre à l'espèce, ce dernier aura
la prépondérance et annihilera complètement les effets du
pollen étranger. On pouvait difficilement mettre en doute
que, dans les plantes hétérostylées dimorphes, le pollen de
l'autre forme ne paralysât les effets du pollen pris sur
la même forme, même lorsque ce dernier a été placé sur le
stigmate longtemps avant. Pour mettre à l'épreuve cette
manière de voir, j'appliquai sur plusieurs stigmates d'une
primevère à long style une grande quantité de pollen de
la même plante, et, après vingt-quatre heures, j'en ajoutai
quelques grains provenant d'un Polyanthus rouge foncé à
court style, qui n'est qu'une variété de la primevère commune.
Des fleurs ainsi traitées 30 semis furent obtenus, et
tous, sans exception, portèrent des fleurs rouges, de sorte
que l'effet du pollen de la même forme, bien que s'étant
produit vingt-quatre heures antérieurement, fut complètement
détruit par celui du pollen d'une plante appartenant
à l'autre forme.
Enfin, je dois faire remarquer que des quatre modes
d'union, celui qui consiste dans la fécondation illégitime
des fleurs à court style par leur propre pollen, semble
être le plus stérile de tous, si j'en juge par le nombre
moyen de semences que les capsules contenaient. Une plus
faible proportion aussi de ces dernières semences que de
celles des autres arrivait à germination, et encore levaient-elles
plus lentement. La stérilité de cette union est
très remarquable, en ce sens que, comme je l'ai dit déjà,
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