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CHAP. VI. REMARQUES CONCLUSIVES. 26!J
ment adhéré à la même partie du corps des insectes qui
fréquentent les fleurs, et aurait été ensuite déposé sans
perte sur le stigmate, en supposant aussi que ce dernier
se tenait à une hauteur invariable, dans toutes les fleurs.
Mais les étamines et les pistils étant supposés avoir déjà
varié beaucoup en longueur, et être encore en période de
variation, il peut bien se faire que ces organes aient rencontré
beaucoup plus de facilité à être réduits, par la sélection
naturelle, en deux séries de longueurs différentes
dans divers individus, qu'à rester de même'longueur et à
occuper le même niveau dans tous les individus. Nous savons
par les innombrables exemples, dans lesquels les deux
sexes et les individus jeunes diffèrent dans la même espèce,
qu'on peut admettre, sans difficulté, la formation de deux
ou plusieurs séries d'individus par héritage de différents caractères.
Dans notre cas particulier, la loi de compensation
ou de balancement (admise par le plus grand nombre des
botanistes) devrait tendre à réduire le pistil dans les individus
dont les étamines sont fortement développées, et à
en augmenter la longueur dans ceux dont ces organes mâles
ont acquis peu de développement.
D'autre part, si, dans notre espèce en état de variation,
les plus longues étamines sont à peu près de longueur
égale dans un groupe considérable d'individus, tandis que
le pistil y reste plus ou moins réduit ; si, dans un autre
groupe, les étamines les plus courtes deviennent aussi
égales et le pistil plus ou moins allongé, la fécondation
croisée se trouvera assurée sans grande perte de pollen, et
ce changement deviendra si profitable pour l'espèce qu'il
n'y a aucune difficulté à croire à sa réalisation par sélection
naturelle.
Notre plante aurait alors une structure s'approchant
fort de celle d'une espèce hétérostylée dimorphe, ou même
d'une espèce trimorphe, si, imitant ainsi la manière ! d'être
des pistils dans les deux autres formes, les étamines s'é-