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20 PLANTES HÉTÉROSTYLÉES DIMORPHES. CHAP. I.
dès lors, on peut se demander quelle est la cause des importantes
différences de structure que nous venons d'indiquer.
La question me paraissant digne d'une minutieuse
investigation, je veux donner ici en détail mes observations
sur la Primevère commune. La première idée qui me vint
naturellement à l'esprit fut que l'espèce tendait vers l'état
dioïque ; que les plantes à long style avec leurs pistils plus
longs, leurs stigmates plus papilleux et leurs grains polliniques
plus réduits, étaient d'une nature plus femelle et
devaient produire plus de graines ; que les plantes à court
style avec leurs pistils plus courts, leurs étamines plus longues
et leurs grains polliniques plus grands, étaient dans
Une condition plus masculine. En conséquence, dès 1860,
je marquai à la fois quelques Primevères des deux formes
végétant dans mon jardin, puis d'autres vivant en plein
champ, enfin d'autres placées dans un bois ombragé;
j'en cueillis et en pesai les graines. Dans tous ces lots, les
plantes à court style donnèrent, contrairement à mon
attente, le plus grand nombre de semences. Tous les sujets
étant pris ensemble, les résultats furent les suivants :
Primevères brachystylées
— dolichostylées
TABLEAU I.
Nombre I Nombre | Nombre | Poids
de
plantes
des ombelles des capsules des semences
produites produites. en grammes
9
13
33
51
199
261
5,385
5,915
Si nous comparons le poids d'un nombre égal de plants,
d'un nombre égal d'inflorescences et d'une même quantité
de capsules dans les deux formes, nous obtenons les mêmes
résultats.
Ainsi, d'après tous ces moyens de comparaison, la forme
à court style est la plus féconde. Si nous prenons le
nombre des ombelles (ce qui constitue le meilleur critérium,
puisque les plantes grandes et petites se trouvent ainsi