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68 HYBRIDES DES PRIMULA. CHAP. II.
égards (la couleur de la corolle exceptée), les hybrides produits
artificiellement entre le P. vulgaris et le Polyanthus,
lequel est une variété du P veris ; 3° Par l'état
plus ou moins stérile des hybrides supposés lorsquils
sont croisés inter se : pour faire cette preuve, deux
plantes distinctes de même parenté, et non pas deux fleurs
de la même plante, doivent être croisées, car plusieurs espèces
pures sont plus ou moins stériles avec le pollen du
même individu ; de plus, dans le cas des hybrides d'espèces
hétérostylées, les formes opposées doivent être croisées;
4° enfin, par ce fait que les hybrides supposés sont beaucoup
plus fertiles après croisement par Tune ou l'autre
forme génératrice, qu'après conjonction inter se ; mais ils
le sont encore moins que les espèces génératrices entre elles.
Dans le but de confirmer ces deux derniers points, j'ai
transplanté un groupe de P. veri-vulgaris sauvages dans
mon jardin. Ce groupe consistait en une plante dolichostylée
et en trois brachystylées ; toutes se ressemblaient, sauf
pour la corolle qui était plus grande dans Tune d'elles.
Les essais que j'ai faits, et les résultats auxquels je suis
arrivé, sont indiqués dans les tableaux suivants. Pour confirmer
complètement la fécondité des plantes hybrides
hétérostylées, il ne faut pas moins de vingt croisements
différents, soit inter se, soit avec les deux espèces génératrices.
Dans ce but, 256 fleurs furent croisées dans le
courant de quatre années. Je dois mentionner, à titre de
simple curiosité, que si quelqu'un se proposait d'obtenir
les hybrides formés par deux espèces trimorphes hétérostylées,
il devrait opérer 90 unions distinctes pour épuiser
tous les moyens de s'assurer de leur fécondité, et comme,
d'autre part, il devrait, dans chaque cas, expérimenter
au moins sur dix fleurs, il se trouverait en somme forcé
de féconder 900 fleurs et d'en compter les graines. Pareil
labeur fatiguerait sans doute la patience de l'homme le
mieux doué.