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198 PLANTES HÉTÉROSTYLÉES TRIMORPHES. CHAP. V.
nières provinrent d'une plante dolichostylée vivant tout
à fait isolée et fécondée par l'intervention des abeilles,
avec son propre pollen ; or il est presque certain, si Ton
tient compte de la position relative des organes de fructification,
que le stigmate, dans ces circonstances, dut recevoir
le pollen des étamines moyennes.
Les 56 plantes formant la totalité des trois lots se montrèrent
dolichostylées : si les plantes génératrices avaient
été légitimement fécondées par le pollen des plus longues
étamines des formes méso et brachystylées un tiers seulement
environ des semis eût été dolichostylé, tandis que
les deux autres tiers seraient restés méso et brachystylés.
Dans quelques autres genres dimorphes et trimorphes
nous trouverons le même fait curieux, à savoir, que la
forme dolichostylée, illégitimement fécondée par le pollen
de sa propre forme, produit presque exclusivement des
semis dolichostylés 1
Les 8 plantes du premier lot furent de petite stature :
les 3 que je mesurai après entier développement n'avaient
que 0 m ,70, 0 m ,725 et l m ,175 de haut, tandis que les
plants légitimes qui vivaient auprès d'eux mesuraient le
double de hauteur : Tun d'entre eux avait l m ,925. Tous
montrèrent, comme apparence générale, une faible constitution;
ils fleurirent un peu plus tôt et à un âge plus
avancé que les sujets ordinaires. Quelques-uns ne fleurirent
pas chaque année, et même un pied (fait sans précédent)
ne donna aucune fleur avant d'avoir atteint l'âge
de trois ans. Dans les deux autres lots, aucune plante
n'atteignit sa hauteur complète et naturelle, ainsi qu'on
put s'en assurer en les comparant aux séries parallèles de
plantes légitimes. Dans les trois lots, plusieurs plantes
eurent leurs anthères, ou racornies, ou renfermant une
1 Hildebrand appela le premier l'attention (Bot. Zeitung, V janv. 1864,
p. 5) sur ce fait, dans le cas du Primula Sinensis, mais ses résultats ne
furent pas aussi uniformes que les miens.