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Le baron se r<strong>et</strong>ourna, considéra le p<strong>et</strong>it homme abasourdi,<br />

<strong>et</strong>, cédant aussitôt à la contagion, il éclata, appelant sa femme,<br />

ne pouvant plus parler. « Re-regarde Ma-Ma-Marius ! Est-il<br />

drôle ! Mon Dieu, est-il drôle. »<br />

Alors la baronne, s’étant penchée par la portière <strong>et</strong> l’ayant<br />

considéré, fut secouée d’une telle crise de gai<strong>et</strong>é que toute la<br />

calèche dansait sur ses ressorts, comme soulevée par des cahots.<br />

Mais Julien, la face pâle, demanda : « Qu’est-ce que vous<br />

avez à rire comme ça ? il faut que vous soyez fous ! »<br />

Jeanne, malade, convulsée, impuissante à se calmer, s’assit<br />

sur une marche du perron. Le baron en fit autant ; <strong>et</strong>, dans la<br />

calèche, des éternuements convulsifs, une sorte de gloussement<br />

continu, disaient que la baronne étouffait. Et soudain la<br />

redingote de Marius se mit à palpiter. Il avait compris sans<br />

doute, car il riait lui-même de toute sa force au fond de sa<br />

coiffure.<br />

Alors Julien, exaspéré, s’élança. D’une gifle il sépara la tête<br />

du gamin <strong>et</strong> le chapeau géant qui s’envola sur le gazon ; puis,<br />

s’étant r<strong>et</strong>ourné vers son beau-père, il balbutia d’une voix<br />

tremblante de colère : « Il me semble que ce n’est pas à vous de<br />

rire. Nous n’en serions pas là si vous n’a<strong>vie</strong>z gaspillé votre<br />

fortune <strong>et</strong> mangé votre avoir. À qui la faute si vous êtes ruiné ? »<br />

Toute la gai<strong>et</strong>é fut glacée, cessa n<strong>et</strong>. Et personne ne dit un<br />

mot. Jeanne, prête à pleurer maintenant, monta sans bruit près<br />

de sa mère. Le baron, surpris <strong>et</strong> mu<strong>et</strong>, s’assit en face des deux<br />

femmes ; <strong>et</strong> Julien s’installa sur le siège, après avoir hissé près<br />

de lui l’enfant larmoyant <strong>et</strong> dont la joue enflait.<br />

La route fut triste <strong>et</strong> parut longue. Dans la voiture on se<br />

taisait. Mornes <strong>et</strong> gênés tous trois, ils ne voulaient point<br />

s’avouer ce qui préoccupait leurs cœurs. Ils sentaient bien qu’ils<br />

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