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maison. Gros comme une tonne, il se traînait à peine sur ses<br />

pattes écartées <strong>et</strong> raides, <strong>et</strong> il aboyait à la façon des chiens de<br />

bois qu’on donne aux enfants.<br />

Le dernier jour enfin se leva. Jeanne avait couché dans<br />

l’ancienne chambre de Julien, la sienne étant démeublée.<br />

Elle sortit de son lit, exténuée <strong>et</strong> hal<strong>et</strong>ante, comme si elle<br />

eût fait une grande course. La voiture contenant les malles <strong>et</strong> le<br />

reste du mobilier était déjà chargée dans la cour. <strong>Une</strong> autre<br />

carriole à deux roues était attelée derrière, qui devait emporter<br />

la maîtresse <strong>et</strong> la bonne.<br />

Le père Simon <strong>et</strong> Ludivine resteraient seuls jusqu’à<br />

l’arrivée du nouveau propriétaire ; puis ils se r<strong>et</strong>ireraient chez<br />

des parents, Jeanne leur ayant constitué une p<strong>et</strong>ite rente. Ils<br />

avaient des économies d’ailleurs. C’étaient maintenant de très<br />

<strong>vie</strong>ux serviteurs, inutiles <strong>et</strong> bavards. Marius, ayant pris femme,<br />

avait depuis longtemps quitté la maison.<br />

Vers huit heures, la pluie se mit à tomber, une pluie fine <strong>et</strong><br />

glacée que chassait une légère brise de mer. Il fallut tendre des<br />

couvertures sur la charr<strong>et</strong>te. Les feuilles s’envolaient déjà des<br />

arbres.<br />

Sur la table de la cuisine, des tasses de café au lait<br />

fumaient. Jeanne s’assit devant la sienne <strong>et</strong> la but à p<strong>et</strong>ites<br />

gorgées, puis, se levant : « Allons ! » dit-elle.<br />

Elle mit son chapeau, son châle, <strong>et</strong>, pendant que Rosalie la<br />

chaussait de caoutchoucs, elle prononça, la gorge serrée : « Te<br />

rappelles-tu, ma fille, comme il pleuvait quand nous sommes<br />

parties de Rouen pour venir ici… »<br />

Elle eut une sorte de spasme, porta ses deux mains sur sa<br />

poitrine <strong>et</strong> s’abattit sur le dos, sans connaissance.<br />

– 252 –

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