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Après la mort de leur père, la baronne avait voulu garder sa<br />

sœur avec elle ; mais la <strong>vie</strong>ille fille, poursui<strong>vie</strong> par l’idée qu’elle<br />

gênait tout le monde, qu’elle était inutile <strong>et</strong> importune, se r<strong>et</strong>ira<br />

dans une de ces maisons religieuses qui louent des<br />

appartements aux gens tristes <strong>et</strong> isolés dans l’existence.<br />

Elle venait, de temps en temps, passer un mois ou deux<br />

dans sa famille.<br />

C’était une p<strong>et</strong>ite femme qui parlait peu, s’effaçait toujours,<br />

apparaissait seulement aux heures des repas, <strong>et</strong> remontait<br />

ensuite dans sa chambre où elle restait enfermée sans cesse.<br />

Elle avait un air bon <strong>et</strong> <strong>vie</strong>illot, bien qu’elle fût âgée<br />

seulement de quarante-deux ans, un œil doux <strong>et</strong> triste ; elle<br />

n’avait jamais compté pour rien dans sa famille. Toute p<strong>et</strong>ite,<br />

comme elle n’était point jolie ni turbulente, on ne l’embrassait<br />

guère ; <strong>et</strong> elle restait tranquille <strong>et</strong> douce dans les coins. Depuis<br />

elle demeura toujours sacrifiée. Jeune fille, personne ne<br />

s’occupa d’elle.<br />

C’était quelque chose comme une ombre ou un obj<strong>et</strong><br />

familier, un meuble vivant qu’on est accoutumé à voir chaque<br />

jour, mais dont on ne s’inquiète jamais.<br />

Sa sœur, par habitude prise dans la maison paternelle, la<br />

considérait comme un être manqué, tout à fait insignifiant. On<br />

la traitait avec une familiarité sans gêne qui cachait une sorte de<br />

bonté méprisante. Elle s’appelait Lise <strong>et</strong> semblait gênée par ce<br />

nom pimpant <strong>et</strong> jeune. Quand on avait vu qu’elle ne se mariait<br />

pas, qu’elle ne se marierait sans doute point, de Lise on avait<br />

fait Lison. Depuis la naissance de Jeanne, elle était devenue<br />

« tante Lison », une humble parente, propr<strong>et</strong>te, affreusement<br />

timide, même avec sa sœur <strong>et</strong> son beau-frère qui l’aimaient<br />

pourtant, mais d’une affection vague participant d’une<br />

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