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Aucune autre voix ne montait sous le ciel torride, d’un bleu<br />

miroitant <strong>et</strong> jauni comme s’il allait tout d’un coup devenir<br />

rouge, à la façon des métaux trop rapprochés d’un brasier.<br />

Ayant aperçu un p<strong>et</strong>it bois, plus loin, à droite, ils y allèrent.<br />

Encaissée entre deux talus, une allée étroite s’avançait sous<br />

de grands arbres impénétrables au soleil. <strong>Une</strong> espèce de<br />

fraîcheur moisie les saisit en entrant, c<strong>et</strong>te humidité qui fait<br />

frissonner la peau <strong>et</strong> pénètre dans les poumons. L’herbe avait<br />

disparu, faute de jour <strong>et</strong> d’air libre ; mais une mousse cachait le<br />

sol.<br />

Ils avançaient : « Tiens, là-bas, nous pourrons nous asseoir<br />

un peu », dit-elle. Deux <strong>vie</strong>ux arbres étaient morts <strong>et</strong>, profitant<br />

du trou fait dans la verdure, une averse de lumière tombait là,<br />

chauffait la terre, avait réveillé des germes de gazon, de<br />

pissenlits <strong>et</strong> de lianes, fait éclore des p<strong>et</strong>ites fleurs blanches,<br />

fines comme un brouillard, <strong>et</strong> des digitales pareilles à des<br />

fusées. Des papillons, des abeilles, des frelons trapus, des<br />

cousins démesurés qui ressemblaient à des squel<strong>et</strong>tes de<br />

mouches, mille insectes volants, des bêtes à bon Dieu roses <strong>et</strong><br />

tach<strong>et</strong>ées, des bêtes d’enfer aux refl<strong>et</strong>s verdâtres, d’autres noires<br />

avec des cornes, peuplaient ce puits lumineux <strong>et</strong> chaud, creusé<br />

dans l’ombre glacée des lourds feuillages.<br />

Ils s’assirent, la tête à l’abri <strong>et</strong> les pieds dans la chaleur. Ils<br />

regardaient toute c<strong>et</strong>te <strong>vie</strong> grouillante <strong>et</strong> p<strong>et</strong>ite qu’un rayon fait<br />

apparaître ; <strong>et</strong> Jeanne attendrie répétait : « Comme on est bien !<br />

que c’est bon la campagne ! Il y a des moments où je voudrais<br />

être mouche ou papillon pour me cacher dans les fleurs. »<br />

Ils parlèrent d’eux, de leurs habitudes, de leurs goûts, sur<br />

ce ton plus bas, intime, dont on fait les confidences. Il se disait<br />

déjà dégoûté du monde, las de sa <strong>vie</strong> futile ; c’était toujours la<br />

même chose ; on n’y rencontrait rien de vrai, rien de sincère.<br />

– 40 –

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