26.06.2013 Views

Télécharger Une vie - Ebooks libres et gratuits

Télécharger Une vie - Ebooks libres et gratuits

Télécharger Une vie - Ebooks libres et gratuits

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

La saison était magnifique. Les nuits douces, fourmillantes<br />

d’astres, succédaient aux calmes soirées, les soirs sereins aux<br />

jours radieux, <strong>et</strong> les jours radieux aux aurores éclatantes. P<strong>et</strong>ite<br />

mère se trouva bientôt mieux portante ; <strong>et</strong> Jeanne, oubliant les<br />

amours de Julien <strong>et</strong> la perfidie de Gilberte, se sentait presque<br />

complètement heureuse. Toute la campagne resplendissait du<br />

matin au soir, sous le soleil.<br />

Jeanne, un après-midi, prit Paul en ses bras, <strong>et</strong> s’en alla par<br />

les champs. Elle regardait tantôt son fils, tantôt l’herbe criblée<br />

de fleurs le long de la route, s’attendrissant dans une félicité<br />

sans bornes. De minute en minute elle baisait l’enfant, le serrait<br />

passionnément contre elle ; puis, frôlée par quelque savoureuse<br />

odeur de campagne, elle se sentait défaillante, anéantie dans un<br />

bien-être infini. Puis elle rêva d’avenir pour lui. Que serait-il ?<br />

Tantôt elle le voulait grand homme, renommé, puissant. Tantôt<br />

elle le préférait humble <strong>et</strong> restant près d’elle, dévoué, tendre, les<br />

bras toujours ouverts pour maman. Quand elle l’aimait avec son<br />

cœur égoïste de mère, elle désirait qu’il restât son fils, rien que<br />

son fils ; mais, quand elle l’aimait avec sa raison passionnée, elle<br />

ambitionnait qu’il devînt quelqu’un par le monde.<br />

Elle s’assit au bord d’un fossé <strong>et</strong> se mit à le regarder. Il lui<br />

semblait qu’elle ne l’avait jamais vu. Et elle s’étonna<br />

brusquement à la pensée que ce p<strong>et</strong>it être serait grand, qu’il<br />

marcherait d’un pas ferme, qu’il aurait de la barbe aux joues <strong>et</strong><br />

parlerait d’une voix sonore.<br />

Au loin quelqu’un l’appelait. Elle leva la tête. C’était Marius<br />

accourant. Elle pensa qu’une visite l’attendait, <strong>et</strong> elle se dressa,<br />

mécontente d’être troublée. Mais le gamin arrivait à toutes<br />

jambes, <strong>et</strong>, quand il fut assez près, il cria : « Madame, c’est<br />

M me la Baronne qu’est bien mal. »<br />

– 173 –

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!