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préoccupée de Paul que Julien regardait de côté, d’un œil<br />

inqui<strong>et</strong> <strong>et</strong> mécontent.<br />

Souvent, quand la mère le tenait en ses bras, le caressait<br />

avec ces frénésies de tendresse qu’ont les femmes pour leurs<br />

enfants, elle le présentait au père, en lui disant : « Mais<br />

embrasse-le donc ; on dirait que tu ne l’aimes pas. » Il effleurait<br />

du bout des lèvres, d’un air dégoûté, le front glabre du marmot<br />

en décrivant un cercle de tout son corps, comme pour ne point<br />

rencontrer les p<strong>et</strong>ites mains remuantes <strong>et</strong> crispées. Puis il s’en<br />

allait brusquement ; on eût dit qu’une répugnance le chassait.<br />

Le maire, le docteur <strong>et</strong> le curé venaient dîner de temps en<br />

temps ; de temps en temps c’étaient les Fourville, avec qui on se<br />

liait de plus en plus.<br />

Le comte paraissait adorer Paul. Il le tenait sur ses genoux<br />

pendant toute la durée des visites, ou même pendant des aprèsmidi<br />

tout entiers. Il le maniait d’une façon délicate dans ses<br />

grosses mains de colosse, lui chatouillait le bout du nez avec la<br />

pointe de ses longues moustaches, puis l’embrassait par élans<br />

passionnés, à la façon des mères. Il souffrait continuellement de<br />

ce que son mariage demeurât stérile.<br />

Mars fut clair, sec <strong>et</strong> presque doux. La comtesse Gilberte<br />

reparla de promenades à cheval que tous les quatre feraient<br />

ensemble. Jeanne, lasse un peu des longs soirs, des longues<br />

nuits, des longs jours pareils <strong>et</strong> monotones, consentit, toute<br />

heureuse de ces proj<strong>et</strong>s ; <strong>et</strong> pendant une semaine elle s’amusa à<br />

confectionner son amazone.<br />

Puis ils commencèrent les excursions. Ils allaient toujours<br />

deux par deux, la comtesse <strong>et</strong> Julien devant, le comte <strong>et</strong> Jeanne<br />

cent pas derrière. Ceux-ci causaient tranquillement, comme<br />

deux amis, car ils étaient devenus amis par le contact de leurs<br />

âmes droites, de leurs cœurs simples ; ceux-là parlaient bas<br />

– 162 –

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