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Julien expliquait à Jeanne toutes les parties du bâtiment,<br />

en habitué qui le connaît à fond. Il en faisait les honneurs,<br />

s’extasiant sur sa beauté : « Regarde-moi ce portail ! Est-ce<br />

grandiose une habitation comme ça, hein ? Toute l’autre façade<br />

est dans l’étang, avec un perron royal qui descend jusqu’à l’eau ;<br />

<strong>et</strong> quatre barques sont amarrées au bas des marches, deux pour<br />

le comte <strong>et</strong> deux pour la comtesse. Là-bas à droite, là où tu vois<br />

le rideau de peupliers, c’est la fin de l’étang ; c’est là que<br />

commence la rivière qui va jusqu’à Fécamp. C’est plein de<br />

sauvagine ce pays. Le comte adore chasser là-dedans. Voilà une<br />

vraie résidence seigneuriale. »<br />

La porte d’entrée s’était ouverte <strong>et</strong> la pâle comtesse<br />

apparut, venant au-devant de ses visiteurs, souriante, vêtue<br />

d’une robe traînante comme une châtelaine d’autrefois. Elle<br />

semblait la belle dame du lac, née pour ce manoir de conte.<br />

Le salon, à huit fenêtres, en avait quatre ouvrant sur la<br />

pièce d’eau <strong>et</strong> sur le sombre bois de pins qui remontait le coteau<br />

juste en face.<br />

La verdure à tons noirs rendait profond, austère <strong>et</strong> lugubre<br />

l’étang ; <strong>et</strong>, quand le vent soufflait, les gémissements des arbres<br />

semblaient la voix du marais.<br />

La comtesse prit les deux mains de Jeanne comme si elle<br />

eût été une amie d’enfance, puis elle la fit asseoir <strong>et</strong> se mit près<br />

d’elle, sur une chaise basse, tandis que Julien, en qui toutes les<br />

élégances oubliées renaissaient depuis cinq mois, causait,<br />

souriait, doux <strong>et</strong> familier.<br />

La comtesse <strong>et</strong> lui parlèrent de leurs promenades à cheval.<br />

Elle riait un peu de sa manière de monter, l’appelant « le<br />

chevalier Trébuche », <strong>et</strong> il riait aussi, l’ayant baptisée « la reine<br />

Amazone ». Un coup de fusil parti sous les fenêtres fit pousser à<br />

Jeanne un p<strong>et</strong>it cri. C’était le comte qui tuait une sarcelle.<br />

– 157 –

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