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Elle sentit comme une goutte d’eau froide qui lui<br />

descendait le long du dos ; <strong>et</strong> elle repartit à grands pas, la tête<br />

égarée.<br />

Elle aperçut, de loin, des gens en tas sous le platane. Elle<br />

s’élança <strong>et</strong>, le groupe s’étant ouvert, elle vit sa mère étendue par<br />

terre, la tête soutenue par deux oreillers. La figure était toute<br />

noire, les yeux fermés, <strong>et</strong> sa poitrine, qui depuis vingt ans<br />

hal<strong>et</strong>ait, ne bougeait plus. La nourrice saisit l’enfant dans les<br />

bras de la jeune femme, <strong>et</strong> l’emporta.<br />

Jeanne, hagarde, demandait : « Qu’est-il arrivé ? Comment<br />

est-elle tombée ? Qu’on aille chercher le médecin. » Et, comme<br />

elle se r<strong>et</strong>ournait, elle aperçut le curé, prévenu on ne sait<br />

comment. Il offrit ses soins, s’empressa en relevant les manches<br />

de sa soutane. Mais le vinaigre, l’eau de Cologne, les frictions<br />

demeurèrent inefficaces. « Il faudrait la dévêtir <strong>et</strong> la coucher »,<br />

dit le prêtre.<br />

Le fermier Joseph Couillard se trouvait là ainsi que le père<br />

Simon <strong>et</strong> Ludivine. Aidés de l’abbé Picot, ils voulurent emporter<br />

la baronne ; mais, quand ils la soulevèrent, la tête s’abattit en<br />

arrière, <strong>et</strong> la robe qu’ils avaient saisie se déchirait, tant sa grosse<br />

personne était pesante <strong>et</strong> difficile à remuer. Alors Jeanne se mit<br />

à crier d’horreur. On reposa par terre le corps énorme <strong>et</strong> mou.<br />

Il fallut prendre un fauteuil du salon ; <strong>et</strong>, quand on l’eut<br />

assise dedans, on put enfin l’enlever. Pas à pas ils gravirent le<br />

perron, puis l’escalier ; <strong>et</strong>, parvenus dans la chambre, la<br />

déposèrent sur le lit.<br />

Comme la cuisinière n’en finissait pas d’enlever ses<br />

vêtements, la veuve Dentu se trouva là juste à point, venue<br />

soudain, ainsi que le prêtre, comme s’ils avaient « senti la<br />

mort », selon le mot des domestiques.<br />

– 174 –

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